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Selon un membre du personnel infirmier non binaire, il est temps qu’on s’intéresse aux soins offerts aux transgenres

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2022/01/04/a-non-binary-nurse-explains-why-its-time-to-learn

Une meilleure compréhension conduira à une plus grande équité pour la clientèle et les collègues

Jan 4, 2022, By: Jess Crawford
Gracieuseté de Jess Crawford
« J’ai reçu mon diplôme de sciences infirmières en 2017, et pendant mes quatre ans d’études, une seule heure a été vouée à l’enseignement du genre, souligne Jess Crawford. J’ai terminé mes études en sciences infirmières sans préparation pour soutenir ou défendre les populations transgenres et non binaires ou pour leur fournir des soins équitables, et encore moins pour réfléchir à mon intersection personnelle avec le genre. »

Messages à retenir

  • Le terme générique « transgenre » désigne toute personne dont le genre diffère de celui qui lui a été attribué à la naissance.
  • Le terme « non binaire » désigne des réalités différentes d’une personne à l’autre.
  • S’informer et réfléchir sur le genre est un pas vers des soins plus équitables pour les collègues et les clientèles transgenres et non binaires.

Les populations transgenres et non binaires existent depuis des milliers d’années, mais sont rarement incluses dans les discussions contemporaines sur le genre. Dans mon cas – je proviens de la classe moyenne blanche issue de la colonisation, et j’ai vu le jour dans les années 1990 –, les discussions sur le genre ont été rudimentaires et binaires : on était de sexe masculin ou féminin, point. En grandissant, j’ai appris que l’on se comportait, que l’on s’habillait et que l’on avait accès à certains espaces selon qu’on était « une fille » ou « un garçon ».

J’ai reçu mon diplôme de sciences infirmières en 2017, et pendant mes quatre ans d’études, une seule heure a été vouée à l’enseignement du genre. C’est peut être parce que la protection contre la discrimination fondée sur l’identité et l’expression de genre n’a fait son apparition dans la Loi canadienne sur les droits de la personne qu’en 2017 (aux fins de contexte, l’orientation sexuelle a été ajoutée à la liste des motifs de discrimination illicites en 1996). Néanmoins, personne ne s’est donné la peine d’expliquer les immenses différences qui existent entre la sexualité et le genre. J’ai terminé mes études en sciences infirmières sans préparation pour soutenir ou défendre les populations transgenres et non binaires ou pour leur fournir des soins équitables, et encore moins pour réfléchir à mon intersection personnelle avec le genre.

Gracieuseté de Jess Crawford
Jess Crawford a coordonné une journée de sensibilisation de la communauté dans le cadre de la Journée internationale de la visibilité des transgenres en mars 2021 et a installé cette affiche maison pour décrire sommairement la signification du terme « transgenre ».

Mon expérience avec le genre

J’ai depuis eu le temps de réfléchir à mon expérience. À la naissance, on m’a attribué le sexe féminin. Mes parents m’ont inscrit au ballet et à la gymnastique, m’ont acheté des robes et des poupées, et on me disait de m’asseoir et de me comporter « comme une dame ». Le fait de grandir en tant que fille, en étant un garçon manqué, me semblait normal. Mais en vieillissant, j’ai commencé à me poser des questions sur le genre, en silence et avec embarras, dans mon coin.

Ce n’est que lorsque j’ai commencé à travailler comme membre du personnel infirmier autorisé en santé mentale d’urgence que j’ai été en contact avec des clientèles 2SLGBTQIA+ qui m’ont permis de modifier mes notions sur le genre et la sexualité. 2SLGBTQIA+ désigne les personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queer ou en questionnement, intersexes, asexuelles et alliées, ainsi que celles qui appartiennent à de nombreux autres genres et sexualités. Cette liste n’est pas exhaustive et est en constante évolution.

Avançons dans le temps de quelques d’années. J’ai déménagé dans un village éloigné (population : 5 000). L’isolement, auquel s’est ajoutée la pandémie, a ouvert la voie à un douloureux processus d’autodécouverte. C’est pendant cette période de solitude que j’ai découvert que j’étais non binaire.

Mon expérience en tant que personne non binaire

Le terme « non binaire » désigne des réalités différentes d’une personne à l’autre. Pour moi, il signifie que je ne suis ni une femme ni un homme. Je me situe quelque part à l’extérieur de cette binarité, mais aussi au sein et au-delà d’elle. J’utilise aussi les termes trans et queer pour définir mon genre.

Le terme générique « transgenre » désigne toute personne dont le genre diffère de celui qui lui a été attribué à la naissance. Les personnes non binaires ne s’identifient pas toutes comme transgenres, et certaines choisissent de ne pas utiliser d’étiquette du tout. Il est important de noter que le genre et la sexualité sont deux composantes très différentes, personnelles et complexes de l’identité. Il est tout aussi vrai que le genre et la sexualité peuvent être fluides et changer au fil du temps.

Pour moi, être non binaire est synonyme de liberté, d’espace et d’exploration et signifie que je peux vivre ma vie en dehors des rôles et des normes associés aux genres. J’ai aussi appris que la transition est une expérience qui n’est ni linéaire ni uniforme. J’ai modifié mon nom, le pronom que j’emploie, mes cheveux et mes vêtements. L’expérience des autres peut se révéler différente.

L’isolement, auquel s’est ajoutée la pandémie, a ouvert la voie à un douloureux processus

J’ai également réalisé que la sortie du placard ne se fait pas d’un seul coup; j’ai déjà traversé cette épreuve des dizaines de fois au cours de la dernière année. Pour être moi même, je dois constamment sensibiliser les gens qui m’entourent.

Je dois sensibiliser mes propres médecins à mes besoins en tant que personne transgenre non binaire. Je dois informer mes employeurs et collègues à mon sujet et sur les besoins de clientèles queer. Le fait d’être non binaire signifie aussi que je dois user de prudence dans mes relations avec diverses clientèles : j’apprends encore à déterminer quand il est sûr et approprié de dévoiler mon nom, le pronom que j’emploie et mon genre.

Bien qu’il soit merveilleusement libérateur de savoir qui je suis, cet état m’isole également et s’accompagne de nombreuses difficultés. Étant donné que j’ai terminé mes études en sciences infirmières sans avoir entendu le terme « non binaire » et sans aucune exposition à un genre autre que binaire, j’ai la certitude que parmi les nombreuses personnes qui liront cet article, peu seront familières avec les épreuves uniques que doivent surmonter les populations non binaires, ou sur les façons de nous fournir des soins équitables.

Que peut on faire?

J’encourage tout le monde à faire des recherches sur les personnes transgenres et non binaires et à réfléchir à sa propre expérience de genre. Si vous souhaitez commencer à créer des espaces sûrs pour les populations trans et non binaires, commencez par ajouter le pronom que vous employez lorsque vous vous présentez, et consultez la documentation sur le langage inclusif sur le genre comme celles de Santé arc en ciel Ontario et Trans Care BC.

Santé arc en ciel Ontario (SAO)

Trans Care BC (en anglais seulement)


Jess Crawford (iel), inf. aut., B. Sc. inf., est une personne blanche issue de la colonisation qui vit dans le territoire du Traité 3. Depuis trois ans, iel travaille dans le nord ouest de l’Ontario et fournit des soins en santé mentale et en toxicomanie, en santé 2SLGBTQIA+ et en santé sexuelle aux jeunes. À l’automne 2021, iel a commencé une maîtrise en sciences infirmières à l’Université du Manitoba, et sa thèse explorera les expériences des membres queer du personnel infirmier et du corps étudiant en sciences infirmières. Dans le cadre d’un assistanat de recherche, Jess Crawford cherche à mieux comprendre comment créer des espaces sûrs qui favorisent l’apprentissage et l’enseignement antiracisme en santé; iel contribue en outre, dans le cadre d’un assistanat d’enseignement, à un cours de quatrième année en soins infirmiers portant sur la santé génésique et générique.


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