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Angelique Benois apprend aux jeunes sous garde des techniques de pleine conscience pour les aider à gérer chaos et traumatisme dans leur vie
Apr 01, 2015, By: Leah Geller
Salomon* avait beaucoup de difficulté à dormir, et il arrivait que sa colère explose. Comme elle le fait avec tous ses clients au Centre de jeunes Roy McMurtry (CJRMM), Angelique Benois a travaillé individuellement avec lui pour l’initier à des techniques de pleine conscience susceptibles de l’amener à mieux gérer ses sentiments et ses réactions.
Le CJRMM est un grand établissement de garde à l’extérieur de Brampton (Ont.). Il accueille actuellement 96 garçons accusés d’une infraction grave ― ou déclarés coupables d’une telle infraction ― alors qu’ils avaient entre 12 et 17 ans. Mme Benois occupe le poste d’infirmière en santé mentale. « Beaucoup de ces jeunes font de l’insomnie, souvent à cause de traumatismes et de mauvais traitements. L’incarcération même ainsi que la lumière et le bruit dans l’établissement aggravent le problème, que certains géraient, à l’extérieur, avec des substances illicites ou les somnifères de quelqu’un d’autre. »
Mme Benois pratique la pleine conscience depuis un certain temps, mais c’est en Inde, il y a sept ans, lors d’une formation pour devenir professeure certifiée de yoga, qu’elle a découvert son plus grand potentiel. Elle est revenue déterminée à transmettre ce qu’elle avait appris à ses clients et à ses collègues.
Au CJRMM, on lui envoie les jeunes qui ont des problèmes de sommeil, ou bien ce sont eux qui demandent à la consulter. Elle rencontre ses clients pour sept ou huit séances hebdomadaires. « Avec Salomon, raconte Mme Benois, j’ai commencé par la respiration abdominale, en l’encourageant à observer sa respiration et à se sentir à l’aise dans le calme, autant que possible. Puis je lui ai fait faire des exercices où il contractait et relâchait ses muscles pour lui apprendre à voir où il retenait le stress. Plus tard, nous avons fait de la visualisation et de la méditation. J’ai vu sa confiance en lui augmenter, ses espoirs pour son avenir aussi. Pendant une de nos dernières séances, Salomon m’a raconté comment, en réaction à une insulte d’un autre jeune, il était allé faire des exercices de respiration dans sa chambre. Il en était très fier. »
Mme Benois s’est toujours intéressée au fonctionnement du cerveau humain. Elle a fait des études de psychologie avant de s’orienter vers les soins infirmiers, et son premier poste était au service psychiatrique de l’Hôpital pour enfants de Toronto. Elle a aussi travaillé à l’occasion au Centre de toxicomanie et de santé mentale, où elle soignait des femmes en service psychiatrique fermé. Elle a fait une maîtrise en sciences infirmières avec spécialisation en santé mentale et obtenu une Bourse d’étude en pratique clinique avancée de la RNAO, qui lui a permis de faire des études supérieures en soins infirmiers psychiatriques.
En 2006, Mme Benois est partie à Auckland pour un emploi qui a changé sa vie, à son avis, comme infirmière communautaire en soins psychiatriques au sein d’une équipe interprofessionnelle où la santé spirituelle faisait partie intégrante de tous les services. Elle est revenue au Canada un an plus tard (« Être aussi loin de ma famille était difficile ») pour travailler aux Grey Bruce Health Services à Owen Sound (Ont.). « Ce milieu rural m’offrait les défis que je souhaitais, et j’ai pu y travailler avec de jeunes clients et me tailler un rôle en pratique clinique avancée. »
Mme Benois a commencé à travailler au CJRMM en 2010, devenant la première infirmière en santé mentale en Ontario à travailler dans un établissement de garde pour les jeunes. « Ces jeunes sont mal compris, notre jugement sur eux est négatif, constate-t-elle. Je voulais jouer un rôle positif, même modeste, dans leur vie. » Elle a demandé conseil aux infirmières en santé mentale d’autres établissements correctionnels pour mettre en place des programmes répondant aux besoins de ses clients, et elle a commencé à collaborer avec les travailleurs sociaux, psychologues et infirmiers de l’équipe, ainsi qu’avec le psychiatre, pour apporter un soutien et des soins holistiques à chaque jeune.
La mise en place de partenariats avec les travailleurs d’approche judiciaire pour les jeunes ayant des troubles de santé mentale a été une première étape capitale. Grâce à l’information qu’ils lui communiquent, elle peut signaler au personnel les circonstances qui pourraient amener un jeune à avoir un comportement que l’on pourrait interpréter à tort comme rebelle.
« J’essaye d’assembler tous les morceaux, explique-t-elle. Ainsi, si un jeune souffre d’une maladie mentale, nous devons commencer par déterminer si elle est d’origine organique, ou bien s’il y a un déclencheur particulier. J’en envoie certains voir le psychiatre, mais je fais aussi quelques recherches sur les antécédents familiaux. »
Mme Benois aimerait multiplier les occasions de sensibiliser les agents et le reste du personnel sur le bien-être mental et les avantages de la formation en pleine conscience. « Ce serait formidable si tous ceux qui travaillent ici pouvaient donner l’exemple en gérant bien leur stress et en pratiquant la pleine conscience. »
*Le nom a été changé
10 questions à Angelique Benois
Quel mot vous décrit le mieux?
Curieuse
De tout ce que vous avez accompli, de quoi êtes-vous la plus fière?
D’avoir créé de nouveaux rôles pour le personnel infirmier et de savoir que c’est grâce à moi qu’ils ont été créés
Quelle est la chose que les gens seraient le plus surpris d’apprendre à votre sujet?
Le nombre d’endroits exotiques où je suis allée
« Si j’avais plus de temps à ma disposition, je… »
Je ferais des siestes. Ma fille a deux ans, donc j’ai à peu près deux ans de sommeil à rattraper.
Quel est votre plus grand regret?
De ne pas avoir continué à parler espagnol après avoir vécu au Costa Rica
Quel est le dernier livre captivant que vous avez lu?
Nouvelle terre : L’avènement de la conscience humaine d’Eckhart Tolle
Qui vous a donné envie d’être infirmière?
Mes parents. Avant sa retraite, ma mère était infirmière, et mon père vantait toujours les avantages de cette profession.
Quel est le meilleur conseil de carrière qu’on vous ait donné?
On ne pourra jamais te prendre ton savoir, alors continue d’apprendre.
Qu’est-ce qui vous plaît le moins dans le métier d’infirmière?
Le salaire relativement bas, quand on pense à l’impact et aux responsabilités que nous avons
Si vous aviez le pouvoir de changer un aspect du système de santé, quel serait-il?
Je diminuerais la fragmentation des services de soins de santé
Leah Geller est rédactrice indépendante (santé et sciences) à Ottawa.
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