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Que devient la participation des patients?

  
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Les changements de fournisseurs de soins inquiètent cette formatrice

sep 01, 2015, Par: Diane Butcher, RN, MN

La tête fromagée, ce pâté gélatineux, est l’un des plats préférés de mon père. Mais après avoir mangé un sandwich qui en contenait un morceau avarié, mon père, qui est âgé, a été hospitalisé dans une unité de soins actifs. Il souffrait de déshydratation, de delirium et d’insuffisance rénale aiguë. Pendant ses deux semaines à l’hôpital, ma mère et moi lui avons souvent rendu visite, ce qui m’a permis d’observer pour la première fois le personnel infirmier autorisé et le personnel infirmier auxiliaire autorisé travaillant ensemble en soins actifs.

Jour après jour, assise au chevet de mon père avec ma mère, j’ai observé le va-et-vient des nombreux fournisseurs de soins. Il était extrêmement difficile de savoir qui était responsable des divers aspects de ses soins. L’état de mon père fluctuait entre stabilité et instabilité, ce qui nécessitait des changements constants de prise en charge par des IA et des IAA. Quand je posais des questions à l’IAA sur la fonction rénale ou la médication intraveineuse de mon père, elle me répondait qu’elle n’en savait rien et me dirigeait plutôt vers l’IA. Or la plupart des IA refusaient de communiquer la moindre information, malgré l’autorisation de mon père en ce sens. Les soins étaient organisés en fonction des tâches à accomplir et par qui, mais rien ne donnait le sentiment qu’une infirmière ou un infirmier avait une connaissanceplus complète de mon père. Et nous n’avions aucun moyen d’obtenir une vue d’ensemble de son traitement et de sa réaction aux soins infirmiers.

Apprendre à connaître le patient en prenant soin de lui était autrefois très important pour les infirmières et infirmiers de chevet, et selon Patricia Benner dans De novice à expert, c’est capital pour parvenir à une pratique infirmière compétente. Avec les changements dans la composition du personnel infirmier, il est devenu plus difficile pour les IA de connaître leurs patients. Leur nouveau rôle de chef d’équipe, qui s’occupe surtout de planification des soins et des sorties, les éloigne du chevet des patients, et ce sont de plus en plus les IAA et les aides-soignants qui se chargent des soins directs. En tant que formatrice, je m’inquiète que ce modèle de soin mène à priver les IA et la relève des mentors qui ont une expertise en soins pratiques.

Les constatations de Mme Benner sur l’acquisition des compétences sont l’un des piliers du programme actuel de formation des IAA en Colombie-Britannique et sont également citées dans un rapport du Conseil canadien de réglementation des soins infirmiers auxiliaires (Canadian Council for Practical Nurse Regulators) sur les compétences et aptitudes des IAA intitulé Becoming a Licensed Practical Nurse in Canada: Requisite Skills and Abilities. Je me demande cependant si ses conclusions, qui reposent sur des recherches d’il y a 30 ans auprès d’IA ayant obtenu leur permis d’exercer, sont pertinentes dans le contexte des compositions actuelles du personnel (et même, si elles peuvent vraiment s’appliquer aux IAA ayant leur permis d’exercer). Les niveaux de compétence auxquels fait référence Mme Benner sont enchâssés dans l’expérience des IA. Je pense qu’étant donné l’évolution du contexte des soins, d’autres recherches s’imposent sur la façon dont les différents groupes de personnel infirmier acquièrent leur expertise.

Le temps est venu de remettre en question les données probantes dont on se sert actuellement pour justifier la modification de la composition des équipes de soins infirmiers. Il est également crucial d’exprimer nos inquiétudes sur la façon dont les IA apprennent et enseignent leur métier, de nous interroger sur la meilleure façon de favoriser le perfectionnement de l’expertise infirmière et de mener des recherches sur le fonctionnement des équipes de soins infirmiers en soins actifs. La répartition des tâches qui résulte de l’affectation des soins à différents fournisseurs de soins fait évoluer la façon dont s’acquièrent les compétences infirmières. Il faut se pencher sur l’impact de cette évolution sur les patients et leur famille et sur notre conception des soins infirmiers.


Diane Butcher, inf. aut., M. Sc. Inf., est formatrice. Elle a enseigné dans des programmes de formation pratique et de baccalauréat en sciences infirmières. Dans le cadre de ses études de doctorat à plein temps à l’Université de Victoria, elle étudie les effets qu’a la formation en sciences infirmières sur les relations intraprofessionnelles.

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