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sept. 03, 2015, Par: Steven Lewis
Des élections fédérales approchent et nous sommes submergés de publicités négatives, d’affirmations contradictoires, de demi-vérités et de citations inexactes. Les campagnes sont centrées sur les leaders et gérées dans les moindres détails, chaque intervention est rédigée à l’avance, chaque bon mot soigneusement préparé, chaque rencontre chorégraphiée. On privilégie le bref et l’instantané : les phrases-choc, les gazouillis et les égoportraits sont les moyens de communication préférés. Et pendant ce temps, les jeunes ne sont plus intéressés et ne votent plus que rarement. Leur capital civique considérable se manifeste ailleurs.
La réalité est sombre. Pas étonnant que les campagnes soient plutôt subies que suivies, sorte de minisérie télévisée médiocre à l’intrigue prévisible et aux personnages convenus. Comme dans les courses NASCAR, seule la possibilité d’un accident rend supportable le spectacle monotone des innombrables tours de piste à une vitesse folle. Que peuvent donc faire les chefs de file du secteur de la santé pour insuffler un peu de vie dans la campagne et l’orienter, alors? Pourraient-ils créer un auditoire pour des idées et des propositions susceptibles de toucher et d’intéresser les citoyens?
C’est peu probable, mais certaines stratégies ont plus de chances d’aboutir que d’autres. Pour commencer, inutile d’espérer influer sur les programmes des partis. Avant même que ne soient déclenchées les élections, chacun d’eux avait déjà soigneusement peaufiné ses arguments pour consolider ses appuis et attirer les indécis. On parlera d’assurance-médicaments et de paiements de transfert. On déblatérera sur l’innovation. On évitera soigneusement les questions d’autonomie provinciale et territoriale. Si votre organisation ou votre profession a des opinions sur ces questions, écrivez des articles d’opinion et expliquez à vos membres et au grand public pourquoi et comment les positions des partis recoupent les vôtres.
Deuxièmement, soyez originaux et intéressants. Il vous faut attirer l’attention des médias; répéter des analyses et des positions tout à fait sensées ne suffira pas. Le but est d’être pris au sérieux et d’arriver à ce que les médias forcent les concurrents à réagir à vos propositions. Le summum serait que votre cause ou vos conseils soient abordés dans les débats télévisés. Seules les questions pouvant différencier les positions des partis ou offrir un point de vue original ont une chance d’apparaître sur les radars des intervieweurs.
Troisièmement, et c’est là le plus important, évitez tout ce qui pourrait être pris pour une défense crasse de vos propres intérêts. Si vous êtes perçus comme un groupe de plus le nez dans l’auge à cochons, vous ne serez pas parvenus à vous définir comme originaux ou intéressants. Vous n’aurez aucun espoir de mettre en lumière les enjeux qui vous intéressent dans l’épais brouillard des luttes électorales. Parlez de qualité, de responsabilisation et d’optimisation des ressources, pas des raisons pour lesquelles tout ira mieux quand vous serez plus nombreux. Dites la vérité sur notre système de santé et sur ce qu’Ottawa peut réellement faire pour l’améliorer. Proposez des stratégies réalistes pour prendre soin des personnes âgées. Confessez votre contribution au gaspillage et à l’inefficacité tout en exigeant que l’on fasse mieux.
Je regarde assidûment America’s Got Talent. On ne sait jamais ce qu’on va voir, et certains des numéros (en particulier ceux des magiciens) sont impressionnants d’originalité et de qualité. Imaginez que vous participez à Le Canada a du talent en politiques publiques et que vous avez 90 secondes pour influencer par vos idées un public blasé ainsi que la conscience politique collective. Votre argumentation doit être parfaite, et votre formulation impeccable. On ne remarque que ceux qui sortent du lot.
Steven Lewis est président d’Access Consulting Ltd., à Saskatoon, et professeur adjoint de politiques de la santé à l’Université Simon Fraser.
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