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Minnie Follette était l’une des 14 infirmières militaires qui se noyèrent lors du torpillage du navire-hôpital canadien
nov. 01, 2016, Par: Lesa Light, inf. aut., B.A., ICS(C)
Minnie Follette ne repose pas au paisible cimetière anglican de Fox River (N.-É.). Mais on y trouve un monument rustique qui rend hommage à cette infirmière militaire de la Première Guerre mondiale, orné de fleurs en relief et d’une gravure du Navire-hôpital de Sa Majesté Llandovery Castle. Mme Follette disparut en mer lorsque le navire fut torpillé par un sous-marin allemand le 27 juin 1918. Les 14 infirmières militaires qui étaient à bord furent noyées quand le tourbillon causé par le naufrage du navire engloutit leur canot de sauvetage.
Cette nuit fatidique, le Llandovery Castle longeait la côte irlandaise vers l’Angleterre, où il revenait après avoir déposé 644 patients à Halifax. Ses feux réglementaires de la Croix-Rouge étaient allumés et il était peint de façon à être identifiable comme navire-hôpital. Vers 21 h 30, il y eut une violente explosion, et toutes les lumières s’éteignirent. Il fut rapidement établi que le navire avait été touché et qu’il coulait. Deux des infirmières étaient en chemise de nuit, les autres en uniforme. Elles portaient toutes un gilet de sauvetage.
Les canots de sauvetage furent préparés. Les infirmières et plusieurs membres de l’équipage, dont le Serg. Arthur Knight, étaient dans le canot no 5. Lorsque celui-ci fut mis à l’eau, il se prit dans les cordages l’amarrant au flanc du navire. « J’ai cassé deux haches en tentant de nous libérer, mais en vain, raconta plus tard le Serg. Knight, seul survivant de ce canot de sauvetage. Nous avons essayé de nous repousser avec les rames, mais nous les avons rapidement toutes cassées. » Quand les cordages furent enfin déliés, l’équipage ne pouvait plus s’éloigner du navire à la rame.
Le Serg. Knight raconta que les infirmières étaient aussi calmes que si elles participaient à un défilé. « Pendant tout ce temps, je n’ai pas entendu une plainte ou un murmure... il n’y a pas eu un seul appel au secours ou la moindre expression de peur. » Il se souvint que l’infirmière en chef, Margaret Fraser, lui avait demandé « Sergent, croyez-vous qu’il y ait de l’espoir pour nous? » « Non », lui avait-il répondu, puis ils furent engloutis dans le tourbillon.
Plusieurs hommes qui se trouvaient dans d’autres canots furent emportés à bord du sous-marin pour y être interrogés, car les Allemands croyaient que le navire transportait des lieutenants d’aviation américains et des munitions. Lorsqu’ils établirent que ce n’était pas le cas, ils essayèrent de détruire les preuves. L’équipage du sous-marin tenta de tuer les survivants en éperonnant les canots de sauvetage et en mitraillant les survivants. Un seul canot s’en tira, avec 24 témoins à son bord.
Le naufrage du Llandovery Castle et le décès de ses passagers furent considérés comme un crime de guerre et l’une des pires atrocités navales de la Première Guerre mondiale. Cet épisode devint un cri de ralliement pour les troupes canadiennes pendant l’Offensive des cent jours à la fin de la guerre.
C’est en 1909 que Mme Follette avait obtenu son diplôme de l’école d’infirmières de l’hôpital général Victoria à Halifax. Elle était entrée en 1911 à l’Hôpital fixe no 2 du Corps médical de l’armée canadienne, puis s’était inscrite à un cours de soins infirmiers spécialisés en hôpital militaire en 1912, pour partir outre-mer avec le Corps expéditionnaire canadien à l’automne 1914. Elle servit dans des hôpitaux en Angleterre et sur le front en France avant d’être soignée pour épuisement nerveux en 1917. Elle fut ensuite affectée aux navires-hôpitaux qui ramenaient les soldats blessés au Canada. Cette affectation était considérée comme plus facile que la plupart des autres, mais la vie de Mme Follette fut mise en danger dès le départ. Elle était à bord du HMHS Letitia en 1917 lors de son échouage sur la côte près d’Halifax en raison d’une erreur du pilote. Tout l’équipage à l’exception d’une personne s’en tira indemne.
Lors de l’une des permissions qui lui furent accordées, Mme Follette rendit visite à sa famille à Port Greville, où elle laissa quelques souvenirs que l’on conserve précieusement encore à ce jour. L’un de ces souvenirs était une boîte en métal travaillé que la princesse Mary, fille du roi George V, avait offerte aux troupes pour Noël. Marilyn Skidmore et Ross Smith, tous deux de Parrsboro (N.-É.), gardent de bons souvenirs des récits de leur grand-mère Beatrice au sujet de sa sœur Minnie. « Elle avait la réputation d’être une formidable infirmière, raconte Mme Skidmore, très gentille et bienveillante. »
Il y a au mur du Centre du patrimoine et musée Age of Sail à Port Greville un portrait de Mme Follette. De face, regardant bien l’appareil photo, la tête haute, elle semble fière d’elle, à juste titre. Ce n’était pas tous les jours qu’une jeune femme d’une petite communauté choisissait les soins infirmiers militaires et partait à la guerre.
Noms et lieux de naissance des autres infirmières militaires qui périrent cette nuit-là : Infirmière en chef Margaret « Pearl » Fraser, New Glasgow (N.-É.); Mary Agnes McKenzie, Toronto; Christina Campbell, Inverness-shire (Écosse); Carola Douglas, Toronto; Alexina Dussault, St-Hyacinthe (Qc); Margaret Fortescue, York Factory (Man.); Minnie Gallaher, Kingston (Ont.); Jessie McDiarmid, Ashton (Ont.); Rena McLean, Souris (Î.-P.-É.); Mae Belle Sampson, Duntroon (Ont.); Gladys Sare, Angleterre; Anna Stamers, Saint John (N.-B.); et Jean Templeman, Ottawa.
Lesa Light, inf. aut., B.A., ICS(C), travaille dans un établissement de soins de longue durée à Truro (N.-É.). Elle est membre du regroupement Nursing History Nova Scotia
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