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Pour l’Association des étudiant(e)s infirmier(ère)s du Canada, la santé mondiale et la communauté LGBTA+ devraient être traitées comme des priorités et normalisées dans les programmes de sciences infirmières.
sept. 01, 2017, Par: Kierra Jones
L’Association des étudiant(e)s infirmier(ère)s du Canada (AEIC) aimerait que la formation infirmière au Canada accorde une plus grande importance à la santé mondiale et à la communauté LGBTA+. Pendant l’année scolaire qui vient, l’organisation lancera diverses initiatives visant à promouvoir des normes pour le programme d’études et les stages cliniques reflétant mieux ce que souhaitent les étudiants.
Membre de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, l’AEIC représente près de 30 000 étudiantes et étudiants sur la scène nationale.
À l’assemblée nationale de l’AEIC, en janvier dernier, des délégués ont voté en faveur d’énoncés appelant à une plus grande inclusion de la santé mondiale et des besoins des patients LGBTA+ dans les normes visant le programme d’études canadien.
C’est la première initiative de l’AEIC qui est axée sur la proposition de modifications du programme d’études, selon la présidente, Caitlin Wiltshire. « Le plus important pour nous, c’est de bien faire les choses. Nous voulons que nos changements tiennent compte de l’éthique et de la viabilité, en ce qui concerne la santé mondiale, et qu’ils soient raisonnables et sensibles, en ce qui concerne la communauté LGBTA+. »
La connaissance des enjeux en matière de santé mondiale est une composante essentielle des programmes de baccalauréat en sciences infirmières dans le Cadre national sur la formation infirmière élaboré par l’Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI). Cependant, la qualité, la conception et la prestation des stages internationaux et des cours sur la santé mondiale varient d’un établissement à l’autre. Dans un sondage mené par l’AEIC en 2016, plus de 80 % des répondants (de 26 écoles membres) se sont dits insatisfaits des possibilités d’études en santé mondiale, y compris des cours portant spécifiquement ou partiellement sur la question et des programmes internationaux de préceptorat et d’échanges.
Ainsi, explique Vigne Sridharan, présidente du comité de la santé mondiale de l’AEIC, certains étudiants aimeraient avoir plus de cours sur les questions déontologiques susceptibles de se présenter durant les stages à l’étranger, comme la pertinence de respecter des normes culturelles différentes des leurs.
L’organisation prévoit consulter les étudiants et les établissements pour se renseigner sur les possibilités qu’offre chacune des écoles membres en matière de santé mondiale, dit-elle. L’AEIC créera ensuite un dossier de proposition que les étudiants pourront présenter au comité d’élaboration des programmes de leur établissement pour faire valoir la nécessité d’accroître l’intégration des perspectives de santé mondiale.
« La santé mondiale, ce n’est pas juste le bénévolat en développement communautaire dans une région isolée pendant deux semaines, souligne Mme Sridharan. C’est une discipline qui doit être bien conçue, enseignée et évaluée. » Elle insiste sur le fait que pour fournir des soins adaptés aux différentes cultures et s’attaquer aux inégalités en matière de santé, les futurs infirmiers et infirmières doivent apprendre en quoi consiste la santé mondiale.
Par ailleurs, les programmes de formation ne tiennent pas toujours compte des besoins des patients LGBTA+ en matière de soins de santé, affirme Jayden Meville, présidente du comité de la diversité de l’AEIC.
D’après Mme Meville, les différents établissements font des efforts pour incorporer du matériel sur les LGBTA+, au moyen d’exposés et de discussions animées par les étudiants. Mais la majeure partie de la formation en soins de santé destinés aux patients LGBTA+ provient d’étudiantes et étudiants activistes et d’organisations pour la fierté sur le campus.
« L’objectif n’est pas que chaque étudiant devienne spécialiste des soins aux personnes LGBTA+, mais plutôt de sensibiliser les infirmières et infirmiers aux inégalités dont souffre [cette communauté] en matière de soins de santé, pour que nous puissions être des alliés compétents et créer des milieux où nos patients sont en sécurité. »
L’usage de termes adaptés est particulièrement problématique. Mme Meville donne l’exemple de l’expression de genre biologique féminin relevée dans un examen. Elle explique que le genre est une expression culturelle ou personnelle, alors que le sexe renvoie aux caractéristiques biologiques. Il est donc inexact de combiner biologique et genre dans une même expression. « Dans un modèle normalisé de programme d’études, des sujets LGBTA+, comme l’aspect historique de l’oppression dont ces personnes sont victimes et les soins adaptés tout au long de leur vie, devraient obligatoirement faire partie des cours de base, simulations et travaux pratiques en sciences infirmières », ajoute-t-elle.
L’AEIC travaillera avec les étudiants, les facultés et les groupes d’intérêt pour déterminer les compétences dans ces deux domaines qui pourraient être exigées pour accéder à la pratique. L’objectif à long terme est de soumettre des propositions au comité permanent de l’éducation de l’ACESI, explique Mme Wiltshire.
L’ACESI et l’AEIC ont collaboré étroitement à plusieurs reprises. Mme Wiltshire cite pour exemple le soutien apporté aux efforts de l’AEIC pour résoudre les problèmes liés à l’examen d’accès à la pratique NCLEX-RN, dont ceux concernant la traduction française. « L’ACESI a soutenu notre campagne d’envoi de lettres et affiché l’information à ce sujet sur son site Web. »
Cynthia Baker, directrice générale de l’ACESI, siège également au conseil d’administration de l’AEIC. À son avis, l’AEIC « joue un rôle important au niveau national pour apporter le point de vue des étudiants sur la profession ».
Son association a déjà intégré certains des grands axes du travail de l’AEIC à ses lignes directrices nationales.
L’ACESI doit publier très bientôt les compétences nécessaires pour l’accès à la pratique en soins infirmiers maternels et néonataux. Elle y tient compte des besoins de la communauté LGBTA+ et y utilise par exemple le terme personne enceinte plutôt que femme enceinte dans tout le document, explique Mme Baker.
On prévoit également la publication des compétences pour les soins infirmiers en gérontologie et des lignes directrices pour aider les formateurs à intégrer dans leur programme d’enseignement des discussions sur la crise des opioïdes au Canada.
En plus de proposer des modifications du programme d’enseignement, l’AEIC souhaite faire valoir les raisons pour lesquelles la participation à des activités de développement professionnel comme son congrès annuel devrait compter comme des heures de travail clinique. Selon Mme Wiltshire, l’organisation souhaite offrir aux étudiants un instrument d’auto-évaluation pour les aider à expliquer aux professeurs que participer à des réunions et autres rencontres peut contribuer à certaines des compétences exigées pour accéder à la pratique.
Un autre axe de travail de l’AEIC, dit-elle, est la collaboration avec des groupes de partout au pays pour cerner les mesures que doivent prendre les écoles de sciences infirmières pour adapter les stages cliniques aux besoins des personnes handicapées, par exemple l’utilisation de stéthoscopes amplifiés.
En s’appuyant sur une évaluation des besoins à travers le pays et sur des entrevues avec les parties concernées pour cerner les possibilités en matière de technologies adaptatives et les stratégies utiles, l’AEIC créera une trousse d’information avec des idées précises pour l’adaptation. Mme Wiltshire explique que l’objectif est de fournir un point de départ aux écoles et aux professeurs qui souhaitent adapter les programmes, mais qui ne savent pas par où commencer.
On trouvera de l’information sur les démarches de l’AEIC sur cnsa.ca.
Voir aussi L’AEIC : Développer le leadership en s’impliquant dans des organisations professionnelles
Kierra Jones est journaliste indépendante à Vancouver.
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