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Sep 07, 2017, Par: Gail Allison, inf. aut., BHScN, M.A., CRRN , Conor MacPhee, M.A. , Heather Noullett, B.A.
La violence présente un risque professionnel considérable dans le secteur de la santé. En Colombie-Britannique, ce secteur est à l’origine de 57 % de l’ensemble des demandes avec perte de temps suite à des actes de violence ou de force (WorkSafeBC, 2015).
La violence en soins de santé a des conséquences néfastes. Chez le personnel, elle peut causer des traumatismes psychologiques, des blessures physiques, un sentiment d’incompétence et des pertes de temps de travail. Pour les établissements, les répercussions incluent une réduction de la productivité, l’absentéisme, un manque de confiance et un affaiblissement du moral.
Vancouver Coastal Health (VCH) est l’une des sept régies de la santé de Colombie-Britannique. Elle offre des services à 25 % de la population (plus d’un million de personnes dans 17 municipalités, y compris des communautés des Premières Nations). VCH offre à ses employés une formation en prévention de la violence par l’entremise du programme Provincial Violence Prevention Curriculum (PVPC), créé dans les régies sanitaires en 2012. Ce programme obligatoire consiste en quatre heures de modules en ligne et huit heures de formation en salle de classe.
D’après les commentaires des employés, bien que le programme soit un bon point de départ pour la prévention de la violence, il est modérément applicable à des endroits et des disciplines spécifiques. Les spécialistes de la prévention de la violence (SPV) de l’équipe de santé au travail ont donc conçu des exercices formant un programme de simulation à partir de scénarios appelé Violence Prevention Exercises (VPE).
Points saillants
Avant d’élaborer le programme, en avril 2015, nous avons examiné les recherches portant sur l’apprentissage au moyen de la simulation, qui s’est avéré reconnu pour le personnel médical et infirmier. Cette méthode est particulièrement efficace pour renforcer les compétences nécessitant un travail d’équipe et des communications (Lateef, 2010). Compte tenu des données probantes appuyant l’utilisation de la simulation, nous avons formulé l’hypothèse qu’une formation à base de scénarios pourrait être efficace pour renforcer les compétences en matière de prévention de la violence. Nous anticipions un plus grand intérêt des participants pour ce type de formation que pour les séances en salle de classe. Notre plan était de rendre les concepts du PVPC plus vivants en donnant des occasions de les mettre en application dans des scénarios réalistes.
Nous avons conçu les exercices du VPE pour qu’ils soient applicables dans un large éventail d’unités où les risques de violence étaient les plus élevés, entre autres les soins en établissement, les services de santé mentale et de toxicomanie et les urgences. Dans le modèle initial, les SPV présentaient à des groupes interprofessionnels de trois à cinq personnes des scénarios réalistes concernant un acte de violence ou une agression sur leur lieu de travail. Ainsi, les exercices sur les urgences comportaient des patients irrités par la longueur de l’attente, et les exercices sur les unités de santé mentale pour patients hospitalisés comportaient souvent un patient agité qui insistait pour sortir fumer une cigarette.
Une fois que les participants avaient compris le scénario, les SPV leur demandaient de choisir un rôle (patient, membre de la famille ou personnel, par exemple). Pour garantir un environnement sûr et solidaire, les SPV fixaient aussi des règles de base pour assurer l’ouverture et le respect dans les communications tout au long de l’exercice. Les participants simulaient les scénarios avec pour objectif la désescalade ou le retrait en toute sécurité, selon l’agressivité du patient. Les simulations, qui duraient généralement de une à trois minutes, étaient suivies d’une séance de débreffage pendant laquelle les SPV demandaient des commentaires constructifs et respectueux sur la gestion des situations présentées. Sous leur direction, les groupes revoyaient ensuite les compétences et les concepts du PVPC, comme les techniques de communication efficace, la conscience du langage corporel et de l’espace personnel et le soutien de l’équipe.
Notre région étant relativement petite, une équipe de cinq spécialistes arrive à présenter les VPE dans tous les lieux de travail, et les frais et le temps investi restent raisonnables. De plus, comme l’exercice et l’analyse prennent une vingtaine de minutes, aucun budget complémentaire pour remplacer les participants pendant l’exercice n’est nécessaire. Pour aider les gestionnaires, nous envoyons des rappels réguliers des VPE prévus.
Mise en œuvre
Nous avons lancé les VPE dans six sites pilotes volontaires pendant une période de quatre semaines en juin 2015, et 420 employés et médecins ont participé. Les disciplines incluaient les soins infirmiers (personnel infirmier autorisé, autorisé psychiatrique et praticien autorisé), le travail social, le soutien clinique et la médecine. Malgré les différences d’un site pilote à l’autre – types de patients, modèles de dotation en personnel et installations – nous avons pu produire des scénarios spécifiques pour chacune des unités.
À la suite de ces premières séances, de nombreux participants ont dit se sentir plus en sécurité et avoir plus d’assurance pour utiliser les compétences en communication et désescalade apprises dans le cadre du PVPC pour gérer une situation tendue ou violente.
Des VPE ont été organisés dans 28 autres lieux de travail et unités au cours des 12 mois suivants. Nous savions qu’un plan de viabilité serait essentiel, avec des rôles et responsabilités clairement définis. Nous avons donc recruté des champions organisationnels qui travailleraient avec nous et acquerraient les compétences nécessaires pour animer ces exercices. Des membres de ce groupe ont pu nous observer pendant que nous animions des exercices, les coanimer puis les animer avec notre aide et, enfin, les animer seuls pour que le programme puisse se perpétuer. Nous offrons de plus un soutien au besoin.
Les commentaires des participants ont confirmé l’utilité d’offrir les VPE avec une séance d’analyse. Il y avait également consensus quant au fait que les scénarios spécifiques au milieu de travail permettaient aux participants de mettre facilement en application dans leur milieu de travail les concepts appris en classe. Les gestionnaires ont dit apprécier le peu de ressources nécessaires pour offrir le programme.
Dans le cadre du sondage d’Agrément Canada aux urgences du Vancouver General Hospital en octobre 2016, des infirmières et infirmiers autorisés ont parlé de leur assurance et de leur sentiment de sécurité accrus au travail, les attribuant à notre programme.
Enseignements tirés
Le projet pilote nous a appris que la réussite passe par l’adaptabilité. En cas de difficulté, nous faisions un remue-méninges pour les surmonter sans briser notre élan. Ainsi, lorsqu’une unité a eu de la difficulté à organiser des VPE faute de personnel et en raison de priorités concurrentes, nous avons cherché des solutions créatives : profiter du temps déjà bloqué pour des rencontres, par exemple. Nous pouvions ensuite proposer ces solutions aux unités en toute confiance, sachant qu’elles avaient marché ailleurs.
Nous avons rapidement vu l’avantage d’inviter les participants à proposer leurs propres scénarios, qui suscitent souvent un plus grand intérêt. Comme nous voulions que les exercices soient dynamiques et qu’il existe plusieurs façons de résoudre les problèmes, nous avons délibérément évité de prescrire des résultats d’apprentissage. Les participants sont encouragés à diriger et orienter les exercices et l’analyse en fonction des compétences qu’ils veulent apprendre ou revoir.
Exploiter les relations existantes s’est avéré efficace pour promouvoir le programme. La directrice de la sécurité et de la prévention connaît bien le secteur clinique et nous avons profité de ses nombreux contacts pour programmer les exercices dans de nouveaux endroits. Nous avons demandé aux gestionnaires des sites pilotes de parler de leur expérience à leurs collègues et de souligner l’utilité du programme. La réponse a été positive, et un certain nombre de gestionnaires et de directeurs nous ont manifesté leur intérêt.
Nous avons vu la nécessité de réitérer, pendant l’analyse, l’importance de signaler les incidents de violence et d’agression. Beaucoup de participants ont avoué qu’ils n’auraient pas signalé l’incident du scénario s’il s’était réellement produit, soit parce qu’ils ne savaient pas qu’ils devaient le faire, soit parce qu’ils ne croyaient pas utile de le faire. En passant en revue les procédures, nous pouvons réitérer l’obligation qu’ont l’employé de signaler les incidents et l’employeur d’enquêter sur les incidents signalés.
Prochaines étapes
À ce jour, des VPE ont été offerts dans plus de 40 endroits et unités de la régie sanitaire. Pour améliorer le programme, nous élaborons actuellement des méthodes qualitatives et quantitatives pour mesurer son efficacité. Lorsque les VPE sont offerts dans un nouvel endroit, nous demandons maintenant aux participants de répondre à un court questionnaire avant la séance. Nous comptons envoyer des questionnaires de suivi à intervalles réguliers pour vérifier si le sentiment de sûreté et la place de la sécurité dans la culture ont changé.
Étant donné le succès du programme, des membres de l’équipe de SPV ont été invités à conseiller un groupe de travail provincial chargé de déterminer si d’autres régies sanitaires devraient mettre en place des programmes de formation semblables en utilisant les ressources à leur disposition.
Dans le cadre de nos activités pour promouvoir le programme et faire connaître son utilité, nous avons récemment produit une courte vidéo présentant deux VPE et des témoignages de participants et de gestionnaires. Nous souhaitons vivement aider le personnel en continuant à offrir les exercices dans d’autres établissements et unités. Nous sommes convaincus qu’en participant aux VPE, le personnel, les gestionnaires et les médecins de VCH seront mieux préparés en cas d’agression ou de violence.
Remerciements
Les auteurs sont reconnaissants à Anne Harvey, vice-présidente, Engagement du personnel, et Kate Dickerson, directrice administrative, Santé au travail, pour leur appui au programme des VPE; à Roelof Pleysier, Ray Boldt et Moira Latimer, spécialistes de la prévention de la violence, pour leur rôle déterminant dans l’élaboration et la mise en œuvre du programme; aux gestionnaires et champions organisationnels pour tout leur travail, leur attitude positive et la passion qu’ils investissent dans la promotion d’une culture de travail soucieuse de la santé et de la sécurité.
References
Lateef, F. (2010). Simulation-based learning: Just like the real thing. Journal of Emergencies, Trauma, and Shock, 3(4), 348-352.
WorkSafeBC. (2015). 2015 High risk strategy for health care.
Gail Allison, inf. aut., BHScN, M.A., CRRN, est directrice, Sécurité et Prévention, Santé au travail, Vancouver Coastal Health.
Conor MacPhee, M.A., est spécialiste de la prévention de la violence, Sécurité et Prévention, Santé au travail, Vancouver Coastal Health.
Heather Noullett, B.A., est spécialiste de la prévention de la violence, Sécurité et Prévention, Santé au travail, Vancouver Coastal Health.
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