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Nov 12, 2019, By: Laura Eggertson
Quand le personnel du service de néonatalité de l’Hôpital général Lewanika de Mongu, en Zambie, a exprimé ses inquiétudes quant aux façons de réhydrater les nouveau-nés, Rachel Ollivier a écouté.
Puis, la jeune infirmière est passée à l’action.
Elle et une autre étudiante de premier cycle de l’Université de Colombie-Britannique ont collaboré avec leurs collègues zambiens pour élaborer une politique de réanimation liquidienne par IV des nouveau-nés, en utilisant un tableau et des directives de l’Organisation mondiale de la Santé.
« Nous avons mis en place une politique et un outil que le personnel infirmier peut utiliser pour déterminer combien de liquide donner aux nouveau-nés dans les 30 jours si la réanimation est nécessaire », explique Mme Ollivier.
À l’époque, en 2016, Mme Ollivier faisait son stage final de premier cycle en Zambie, dans le cadre de ses études à l’École de sciences infirmières d’UBC (Okanagan). Ses conversations avec les infirmières et infirmiers, sages-femmes, patients et médecins de l’endroit au sujet des forces et des lacunes du système de soins de santé ont renforcé sa conviction que les partenariats sont un élément essentiel de tout travail fructueux en santé mondiale. Par la suite, dans ses recherches en santé cardiovasculaire en Zambie et dans ses projets de santé maternelle et infantile en Tanzanie, Mme Ollivier a adopté une philosophie des soins basée sur la coopération et le travail d’équipe.
Apprendre des sages-femmes et des guérisseurs
Mme Ollivier estime avoir appris autant qu’elle a enseigné. Auprès des sages-femmes en Zambie, elle a appris comment déceler les symptômes de malaria chez les nouvelles accouchées. Des chercheurs en sciences infirmières en Tanzanie lui ont appris l’importance de communiquer clairement quels symptômes signalent un danger pendant la grossesse.
« C’était formidable d’entendre leurs points de vue et leurs idées et de travailler avec eux à des objectifs susceptibles d’améliorer les soins, se souvient Mme Ollivier. Quand on est là comme occidentale, comme membre canadien du personnel de soins, il y a beaucoup de considérations éthiques qui entrent en jeu. Des partenariats véritablement axés sur la collaboration sont importants. »
Si la santé mondiale est ce qui passionne Mme Ollivier, elle se concentre maintenant sur la santé sexuelle des femmes après l’accouchement, au Canada et à l’étranger. Âgée de 25 ans, elle est actuellement doctorante en santé maternelle à l’École de sciences infirmières de l’Université Dalhousie à Halifax (N.-É.), études qui s’inscrivent dans le prolongement de sa maîtrise à Dalhousie. Mme Ollivier effectue maintenant des recherches sur la santé sexuelle des femmes en Nouvelle-Écosse dans une optique féministe.
La santé sexuelle des femmes après l’accouchement est un sujet négligé, de l’avis de Mme Ollivier. Les recherches ont surtout porté sur les symptômes physiques, comme la douleur, plutôt que sur le vécu global de ces femmes.
« La santé sexuelle fait partie de la santé, mais elle est souvent ignorée, fait-elle observer. C’est un sujet tabou. J’aimerais changer ça ». Son but est que des conversations qui ont actuellement lieu en privé aient lieu ouvertement.
De la nécessité des services de santé sexuelle
C’est pendant ses études de premier cycle, alors qu’elle était conseillère bénévole à la clinique Options for Sexual Health à Kelowna (C.-B.), que Mme Ollivier s’est découvert un intérêt pour la santé sexuelle. Les patients de la clinique recevaient de l’information sur les différentes options pour la contraception, mais aussi sur les pratiques sexuelles sans risque, le consentement, les façons de négocier les relations et comment mener une vie sexuelle saine, quelle que soit l’orientation sexuelle d’une personne.
Le but de Mme Ollivier est de se servir de ses recherches pour que toutes ces questions fassent l’objet d’une discussion plus large sur la place publique.
« Nous devons parler de la santé sexuelle de différentes façons … »
« Nous devons parler de la santé sexuelle de différentes façons, affirme-t-elle. Une jeune personne de 13 ans ne veut pas savoir la même chose qu’une femme post-ménopause dans la soixantaine. Ces services sont essentiels. »
En plus du travail réalisé pour sa thèse, Mme Ollivier a participé à des projets de recherche sur la prévalence de l’hypertension et de la fibrillation auriculaire en Zambie, et à des projets de santé maternelle en Tanzanie et en Jamaïque. À Dalhousie, elle a travaillé comme assistante de recherche et assistante à l’enseignement.
À 25 ans, Mme Ollivier cumule déjà un nombre impressionnant de réussites universitaires. Elle a reçu divers prix et bourses avant et pour ses études doctorales, y compris une bourse d’études Killam, le Prix du président de Dalhousie, le Prix Rising Star du Collège de sciences infirmières de Nouvelle-Écosse et des prix de leadership. Elle a aussi prononcé le discours d’adieu pour sa promotion d’étudiants de premier cycle en sciences infirmières.
Ses activités de bénévolat sont encore plus impressionnantes. Malgré son programme universitaire chargé et son travail occasionnel à l’unité chirurgicale pour adultes (Santé des femmes) au IWK Health Centre, Mme Ollivier a trouvé le temps d’intervenir comme accompagnatrice médicale pour la marche annuelle de la Société Alzheimer de la Nouvelle-Écosse et de contribuer au travail du comité responsable de la recherche et de la qualité en soins infirmiers au sein d’IWK. Elle est co-présidente de la Dalhousie Graduate Nursing Society et représentante étudiante dans plusieurs comités de l’École de sciences infirmières.
Sa grand-mère encourageait le service communautaire
Ce sens de la responsabilité communautaire, croit Mme Ollivier, a été cultivé par sa grand-mère, Louisette Ollivier, qui a fourni des soins pastoraux pendant plus de 25 ans à Calgary (Alb.), où a grandi Rachel Olivier. Sa grand-mère, qui allait voir des gens dans les hôpitaux, y emmenait ses petits-enfants, lorsqu’elle s’en occupait.
« J’ai vu la relation qu’elle établissait avec les gens et le sourire sur leur visage à son entrée dans les chambres, raconte Mme Ollivier. Nous occupons une position très spéciale en tant que fournisseurs de soins de santé. Participer à des moments très intimes de la vie des gens, comme nous le faisons, est un immense privilège, et c’est la raison pour laquelle j’ai continué dans la profession. Et j’espère que c’est ce qui maintiendra ma passion en vie pendant encore de nombreuses années. »
Pour équilibrer son programme chargé d’études, de travail et de service communautaire, Mme Ollivier aime courir, faire de la randonnée et nager, et elle passe autant de temps que possible en plein air. Lorsqu’elle étudie, elle écoute des pièces de piano classique, qui l’aident à se concentrer, mais pour la faire danser, c’est Beyoncé qu’il lui faut. Elle va voir ses parents en Alberta trois fois l’an et essaye d’y passer au moins un mois chaque fois. Elle est aussi très proche de sa petite sœur et de son petit frère.
Mme Ollivier avoue ne pas avoir beaucoup de temps pour lire par plaisir, mais le dernier livre qu’elle a lu et aimé, dit-elle, est Neurosurgery in Calgary: The First Fifty Years de Doris Annear, Audrey Cerkvenac et Moira Hogg. Il porte sur l’importance de la collaboration interdisciplinaire, en équipe, véritable mantra pour Mme Ollivier.
Apprendre des autres l’inspire, et sa famille et ses amis la motivent dans tout ce qu’elle fait, affirme Mme Ollivier.
« Il y a beaucoup de mains et d’esprits invisibles dans ma vie : des superviseurs de thèse, des membres de ma famille, des amis, ma chef de service. Ils m’aident tous à leur façon à faire de mon mieux, confie Mme Ollivier. Beaucoup de gens n’ont pas ce soutien, et je suis consciente de ma chance et de ma situation privilégiée, qui me permettent de poursuivre mes rêves. »
Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville (N.-É.).
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