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sept. 28, 2020, Par: Gloria Stephens , Laura Eggertson
Lorsqu’une poignée d’infirmières de la Nouvelle-Écosse ont formé une association de diplômées il y a 100 ans, à Halifax, elles n’auraient pas pu prévoir combien de temps leur devise perdurerait.
« Respecter le passé pour bâtir l’avenir » faisait allusion, à cette période, au passé commun des infirmières à l’École des sciences infirmières de l’Hôpital général Victoria.
L’avenir qu’elles ont bâti s’annonçait mouvementé. Pour des centaines de membres, cet avenir comprendrait soigner les survivants blessés trois ans plus tôt dans l’explosion de Halifax en 1917, travailler d’arrache-pied pendant la Grande Dépression, servir durant la Deuxième Guerre mondiale et participer aux progrès liés au régime d’assurance-maladie et à l’arrivée de la technologie dans le domaine de la médecine au Canada.
Un siècle plus tard, la Victoria General Hospital School of Nursing Alumni, le groupe des anciens de l’Hôpital général Victoria, ou « VG », demeure toujours solide – longtemps après la dernière remise de diplômes et la fermeture de l’école, en 1995.
« Pour autant que je sache, nous sommes la seule association d’infirmières diplômées d’un hôpital qui a fonctionné de manière continue pendant 100 ans », souligne Gloria Stephens, l’historienne du groupe. À 89 ans, cette infirmière de salle d’opération à la retraite est membre de l’association depuis qu’elle a obtenu son diplôme du « VG », en 1953.
« Pour autant que je sache, nous sommes la seule association d’infirmières diplômées d’un hôpital qui a fonctionné de manière continue durant 100 ans. »
Depuis le 2 mars 1920, lors de sa création officielle, le groupe des anciens du VG se réunissait tous les premiers mardis du mois à Halifax. Jusqu’à la pandémie de COVID-19. Les mesures de confinement ont obligé le groupe, composé d’environ 500 membres à l’échelle du Canada et à l’étranger, à suspendre ses réunions.
Retrouvailles annulées
La pandémie a également entraîné l’annulation des retrouvailles de 2020, qui étaient prévues ce mois-ci. Gloria Stephens espère que la commémoration du centenaire se déroulera plutôt en 2021.
Elle estime qu’il y a beaucoup d’événements à célébrer.
Le groupe des anciens du VG, créé à l’origine par Bertha Pickles, infirmière en chef d’un service à l’époque, a d’abord été dirigé par la présidente Mildred Holloway (Hall), classe de 1909, la secrétaire Gertrude Keith, classe de 1919, et la trésorière Ethel Redmond, classe de 1918.
Bertha Pickles a formé le groupe – et l’a doté d’une constitution et de règlements – afin de créer une communauté de soutien. Lors des réunions, les membres trouvaient des collègues sympathiques à qui raconter leur journée, leur carrière ou leurs difficultés à concilier le travail et la vie familiale.
Mis à part l’aspect social des réunions, y compris des concours de bridge et des ligues de quilles, les conférences régulières sur des sujets liés à la médecine ou non témoignaient de l’importance qu’accordaient les anciens du VG à l’apprentissage continu.
Très vite, les anciens se sont aussi mieux organisés et sont devenus plus actifs sur le plan politique.
Création de l’organisme de réglementation
Les anciens du VG ont mis sur pied la Graduate Nurses Association of Nova Scotia qui était la première organisation d’infirmières au Canada. En vertu d’un acte législatif, l’organisation est devenue en 1922 la Registered Nurses Association of Nova Scotia. Cette association a été le premier organisme de réglementation du milieu infirmier au Canada à exiger un examen et à décerner le certificat d’infirmière ou infirmier autorisé. En recevant le tout premier certificat, Eveline Pemberton, superviseure du personnel infirmier de nuit à l’Hôpital général Victoria, est devenue la première infirmière autorisée au Canada, souligne Gloria Stephens.
« Nous tirons une grande fierté d’avoir été à l’origine de cette association », affirme-t-elle.
Les anciens du VG continuent aujourd’hui de tenir une combinaison d’événements sociaux et éducatifs et d’offrir aux membres un espace accueillant où échanger et obtenir du soutien.
Le groupe adopte et soutient les normes actuelles de soins aux patients, défend les droits des patients et prône l’avancement de la pratique infirmière, la formation, l’apprentissage continu et la préservation de l’histoire de la profession infirmière.
Les anciens du VG continuent aujourd’hui de tenir une combinaison d’événements sociaux et éducatifs et d’offrir aux membres un espace accueillant où échanger et obtenir du soutien.
Gloria Stephens confie avoir trouvé du réconfort auprès des anciens et dans sa participation écrite à l’histoire du groupe, alors qu’elle prenait soin de son mari, décédé en 2016 après un long combat contre la maladie.
« Tout le monde m’a beaucoup soutenue », souligne-t-elle.
L’organisation lève également des fonds pour des causes caritatives. Les fonds recueillis ont entre autres financé des refuges pour femmes, le fonds de musique pour les patients en soins palliatifs à l’Hôpital général Victoria, des bourses pour étudiants en sciences infirmières, un lit pour le laboratoire de compétences en soins infirmiers et des fauteuils roulants pour les résidents de la maison de soins infirmiers Northwood.
« Nous déployons beaucoup d’efforts pour aider nos collègues en soins infirmiers », affirme Gloria Stephens.
Accent sur l’histoire
Edith Ward, une diplômée de l’École des sciences infirmières de l’Hôpital général Victoria (1971), fait partie des 35 à 45 participants réguliers aux réunions des anciens du VG. Edith Ward, une infirmière en pédiatrie qui a travaillé en Australie et en Nouvelle-Zélande ainsi qu’à Halifax, s’est jointe au groupe en raison de sa passion pour l’histoire et parce qu’elle aime rencontrer de nouvelles personnes.
À 70 ans, Edith Ward fait partie des plus jeunes personnes présentes aux réunions. En tant que bénévole de l’équipe de recherche et de secours de Halifax, elle se passionne aussi pour les voyages. Elle a été conférencière principale lors de réunions des anciens du VG, où elle aborde son service en tant que conseillère médicale durant le Tour d’Afrique, expédition de quatre mois à bicyclette, et sur le chemin de Compostelle, en Espagne.
« C’est un excellent groupe, où les gens ont une foule d’histoires à raconter », affirme Edith Ward. « J’en ai raconté quelques-unes moi-même. »
Les anciens du VG gèrent un petit musée et les archives de l’École des sciences infirmières de l’hôpital. Ils préservent aussi l’histoire de l’Hôpital général Victoria et l’histoire médicale de Halifax. Du point de vue de Gloria Stephens, les archives contiennent de précieuses informations, dont les biographies de générations d’infirmières et d’infirmiers; elle déjà publié Remembering Nurses Who Served, où elle raconte la vie de 200 diplômés de l’École de sciences infirmières de l’Hôpital général Victoria qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale et les guerres de Corée et du Vietnam.
« Ce qu’ont accompli certains de ces infirmiers et infirmières est renversant », affirme-t-elle.
Maintenir l’activité des anciens du VG est important, estime Gloria Stevens, non seulement pour souligner les carrières et les réalisations de ses membres, mais également pour préserver l’histoire de la profession infirmière en Nouvelle-Écosse.
Elle est persuadée que malgré le vieillissement des membres, l’engagement du groupe lui permettra de poursuivre ses activités.
« Je crois que le groupe des anciens perdurera de nombreuses années encore », soutient Gloria Stephens.
Gloria Stephens est devenue, en 1953, membre des anciens de l’École des sciences infirmières de l’Hôpital général Victoria, dont elle est l’historienne. Retraitée, elle était infirmière de salle d’opération.
Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville (N.-É.).
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