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déc. 14, 2020, Par: Michelle Danda
Messages à retenir
- Les effets secondaires sont l’une des raisons majeures pour lesquelles les patients cessent de prendre les antipsychotiques prescrits.
- Le personnel infirmier doit s’enquérir des effets secondaires auprès des patients, les observer ne suffit pas; ceci est vrai pour tous les médicaments, pas seulement les antipsychotiques.
- Les effets secondaires des médicaments peuvent être si forts et débilitants qu’ils surpassent leurs bienfaits.
Les interventions psychopharmacologiques constituent une part importante du rôle des infirmières et infirmiers en santé mentale qui travaillent auprès de patients hospitalisés. Souvent, au moment de l’admission de patients atteints de troubles mentaux graves, on se concentre sur la stabilisation de la crise aiguë et des symptômes, ce pour quoi on doit envisager des médicaments psychotropes. Les antipsychotiques sont particulièrement importants, en particulier pour les personnes qui présentent des symptômes de psychose.
Tôt dans ma carrière infirmière, j’ai remarqué que le personnel infirmier évaluait et documentait souvent la réduction des symptômes psychotiques, mais moins souvent les effets secondaires des médicaments. Or ces effets secondaires sont l’une des raisons majeures pour lesquelles les patients cessent de prendre les antipsychotiques prescrits (Semahegn et coll., 2020).
En soins de santé mentale, on a besoin de la collaboration des patients, et leur point de vue doit être pris en compte, tant pour la collecte de données que pour une pratique efficace. Dans cette perspective, on s’attendrait à ce que le personnel infirmier s’attache tout particulièrement à connaître les effets secondaires que produisent les antipsychotiques chez ses patients. Ce n’est que plus tard dans ma carrière que j’ai reconnu l’importance d’évaluer et de comprendre le point de vue des patients sur les effets secondaires des antipsychotiques et de le noter dans le dossier de santé.
La recherche
Ma perspective a changé quand j’ai lu la recherche qualitative de Morrison, Meehan et Stomski (2015) sur la façon dont les patients vivent avec les effets secondaires des antipsychotiques. Grâce à ce travail de recherche, j’ai mieux compris pourquoi il fallait interroger les patients qui prennent des antipsychotiques sur les effets secondaires ressentis – pas juste les observer. En fin de compte, c’est aussi vrai pour tous les médicaments, pas juste les antipsychotiques.
En soins de santé mentale, on a besoin de la collaboration des patients, et leur point de vue doit être pris en compte, tant pour la collecte de données que pour une pratique efficace.
Morrison et coll. (2015) ont réalisé des entrevues qualitatives avec des gens qui prenaient des antipsychotiques et avaient des effets secondaires. Ils ont conclu que ces patients subissaient des effets indésirables qui nuisaient à leur vie physique, sociale et émotionnelle. Par ailleurs, les chercheurs ont trouvé que ces effets secondaires étaient source de peurs et de souffrances que les patients ne parvenaient pas à pleinement expliquer aux médecins qui les examinaient, pas même aux membres de leur réseau de soutien.
Face à leur souffrance, les patients utilisaient de nombreuses stratégies comme le déni ou le déplacement de la cause, ou bien ils apprenaient à accepter les effets secondaires pour donner l’impression de se conformer au système de santé mentale. La recherche apportait un point de vue différent de la perspective médicale, axée sur la psychiatrie, où la réduction des symptômes est considérée comme le signe du rétablissement.
Avec leur perspective novatrice, ces chercheurs ont montré que les effets secondaires des médicaments pouvaient considérablement entamer la volonté et la capacité des patients non seulement de commencer et de poursuivre des programmes thérapeutiques, mais aussi de participer à des activités enrichissantes grâce auxquelles ils profitent de la vie. Il est donc devenu clair que les effets secondaires des médicaments sont l’un des principaux risques que le personnel infirmier doit évaluer pour assurer aux patients des soins sûrs et le soutien nécessaire à leur transition vers la communauté ainsi que la reprise de leur vie quand ils quittent l’hôpital.
À l’écoute des patients
Chez les gens qui présentent des symptômes psychotiques, les médicaments peuvent réduire les symptômes positifs, comme les hallucinations et la désorganisation cognitive, et améliorer les symptômes négatifs, comme l’amotivation, l’anhédonie et la lenteur cognitive. Infirmières et infirmiers doivent néanmoins comprendre les effets secondaires des médicaments sur les patients, effets qui peuvent être si forts et débilitants qu’ils surpassent leurs bienfaits.
Ce n’est qu’en posant des questions sur les effets secondaires des médicaments que nous pourrons établir une relation efficace avec les patients. Nous devons comprendre l’incidence des médicaments sur leur vie. Nous devons comprendre les obstacles auxquels se heurtent les patients une fois qu’ils quittent le milieu hospitalier et poursuivent leur parcours vers le rétablissement.
Lorsque nous documentons l’expérience de nos patients de manière normalisée et structurée, nous pouvons inclure notre évaluation des effets secondaires, en plus de la diminution des symptômes. Grâce à cette information, on s’assurera que la voix des patients est clairement et efficacement amplifiée et que leur point de vue est mis de l’avant.
Références
Morrison, P., Meehan, T. et N. J. Stomski. « Living with antipsychotic medication side-effects: The experience of Australian mental health consumers », International Journal of Mental Health Nursing, 24(3), 2015, p. 253-261. doi : 10.1111/inm.12110
Semahegn, A., Torpey, K., Manu, A., Assefa, N., Tesfaye, G. et A. Ankomah. « Psychotropic medication non-adherence and its associated factors among patients with major psychiatric disorders: A systematic review and meta-analysis », Systematic Reviews, 9(1), 2020, p. 17. doi : 10.1186/s13643-020-1274-3
Michelle Danda, inf. aut., M. Sc.inf., MPN, inf. aut., CPMHN(C), est diplômée du programme accéléré de baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de Calgary (2008). Actuellement, elle exerce en soins infirmiers en santé mentale à l’Hôpital Lion’s Gate à North Vancouver (C.-B.). C’est là qu’elle vit et élève ses quatre beaux enfants avec son partenaire, qui est aussi infirmier en santé mentale. Elle est également étudiante à temps plein dans le programme de doctorat en sciences infirmières de l’Université de l’Alberta.
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