https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2022/03/28/how-therapy-dogs-are-helping-to-reduce-needle-fear
Les chiens offrent une « distraction appréciée » et contribuent à calmer l’anxiété et la détresse
Par Colleen Anne Dell, Maryellen Gibson, Benjamin Carey, Holly McKenzie, Stephanie Peachey, Linzi Williamson, & Darlene Chalmers
28 mars 2022
Messages à retenir
- Une clinique de vaccination de masse est un environnement de travail stressant pour le personnel infirmier.
- Les équipes de zoothérapie canine peuvent apporter réconfort et soutien aux adultes, aux jeunes et aux enfants qui ont peur des aiguilles.
- La présence d’équipes de zoothérapie canine dans une clinique de vaccination de masse contribue au bien être du personnel infirmier.
L’hésitation à se faire vacciner chez les adultes, les jeunes et les enfants constitue un défi pour le contrôle de la pandémie de SARS-CoV-2 (COVID-19) au Canada. La peur des aiguilles explique en partie cette hésitation. Une étude canadienne a révélé que 24 % des adultes et 63 % des enfants font état d’une certaine peur des aiguilles, et que 7 % des adultes et 8 % des enfants ne se font pas vacciner pour cette raison (Taddio et coll., 2012). Il est urgent d’approfondir la recherche et la pratique sur les interventions visant à lutter contre la peur des aiguilles, y compris les interventions du personnel infirmier. Entre temps, la pandémie de COVID 19 a imposé la mise en œuvre d’interventions en temps réel pour traiter la crainte des aiguilles. À cet effet, l’Ambulance Saint Jean a introduit des équipes de zoothérapie canine dans les cliniques de vaccination, notamment à une clinique de vaccination de masse à Saskatoon, en Saskatchewan.
À propos des chiens
Les chiens de thérapie de l’Ambulance Saint Jean sont des animaux de compagnie sociaux que leurs maîtres introduisent dans des environnements auxquels les chiens n’ont généralement pas accès, comme les services d’urgence des hôpitaux et les établissements spécialisés en santé mentale. La présence de chiens de thérapie vise à offrir aux humains réconfort et soutien. Les recherches menées au cours de la dernière décennie dans des établissements de soins de santé et d’autres milieux semblables indiquent que cet objectif est atteint (Dell et coll., 2016).
Pour être admis à la clinique de vaccination de masse de Saskatoon, les chiens de thérapie de l’Ambulance Saint Jean doivent respecter diverses exigences en matière de comportement et de santé, notamment se soumettre à un processus d’évaluation. Ils sont évalués pour savoir s’ils aiment se rendre dans cet environnement à haut niveau de stress et s’ils sont calmes lors de leurs interactions avec des populations diverses et dont les besoins sont grands. Leur carnet de vaccination doit être à jour, et leur maître doit être vacciné contre la COVID 19, porter un masque et distribuer du désinfectant pour les mains aux patients avant et après les visites individuelles. Les maîtres-chiens doivent également se soumettre à un test rapide de dépistage de la COVID 19 avant la visite, et les chiens sont toilettés avant les visites et suivis régulièrement pour détecter des signes de santé atypiques (p. ex. une toux).
Surmonter l’hésitation face à l’injection
En août 2021, la clinique de vaccination de masse de Saskatoon a fait appel à 10 équipes de zoothérapie canine, en partie en raison des difficultés croissantes du personnel infirmier et des autres professionnels de la santé face à des patients réticents à se faire vacciner. La réticence accrue des patients était attribuable dans une certaine mesure à la vaccination obligatoire dans certains milieux de travail et au déploiement à l’échelle provinciale des passeports vaccinaux à compter du 1er octobre 2021. Au départ, les équipes de zoothérapie canine offraient du réconfort aux jeunes (de 12 à 17 ans) et aux adultes qui se sentaient craintifs, hésitants, anxieux ou en colère à l’idée d’être vaccinés. Depuis, le programme est offert aux enfants (de 5 à 11 ans) qui reçoivent leur vaccin contre la COVID, ainsi qu’aux bébés de six mois ou plus recevant la vaccination antigrippale dans la même clinique.
Les équipes de zoothérapie canine travaillent en étroite collaboration avec le personnel infirmier et les autres membres du personnel de la clinique pour améliorer l’expérience de vaccination des patients. Les équipes de zoothérapie canine se présentent aux clients qui font la queue, sont disponibles pendant l’injection et sont accessibles dans les quinze minutes suivant l’injection. À ce jour, les équipes de zoothérapie canine ont collectivement passé plus de 250 heures sur le terrain. Leur disponibilité est annoncée sur les plateformes de médias sociaux de la Régie de la santé de la Saskatchewan et d’autres organismes.
Les chiens contribuent à créer un environnement apaisant
Les interventions contre la peur des aiguilles proposées au personnel infirmier ont toujours été centrées sur l’anesthésie locale, la sensibilisation des patients et la thérapie d’exposition. Au Canada, le Centre de toxicomanie et de santé mentale a récemment lancé une nouvelle intervention fondée sur des données probantes. Elle est axée sur la création d’un contexte apaisant et exempt d’obstacles pour les patients et comprend quatre phases (le système CARD) : Confort, Aide, Relaxation et Distraction (Duong, 2021). Les expériences des équipes de zoothérapie canine qui interviennent à la clinique de vaccination correspondent à chacune des phases du système CARD :
- Confort : Les équipes de zoothérapie canine, et les chiens en particulier, semblent offrir du réconfort grâce à leur attention exclusive, à leur neutralité, à leur présence physique et au toucher et promouvoir de bons souvenirs d’animaux de compagnie chez les patients.
- Aide : On demande aux patients s’ils souhaitent l’aide d’un chien de thérapie pendant l’injection, question qui contribue à leur sentiment d’auto efficacité. On leur pose aussi des questions sur les chiens et les animaux en général pendant l’attente, ce qui leur donne l’occasion d’orienter la conversation dans une situation où ils ne se sentent peut être pas en contrôle.
- Relaxation : On suggère aux patients d’essayer de se détendre avant et pendant l’injection en portant leur attention vers le chien. On les encourage à rythmer le mouvement des caresses qu’ils donnent au chien selon leur respiration et, dans certains cas, à le prendre dans leur bras. On parle souvent aux patients de recherches selon lesquelles le fait de caresser un chien pourrait libérer l’ocytocine, l’hormone du bien être, et réduire le cortisol, l’hormone du stress, chez les humains.
- Distraction : Tous ces éléments peuvent distraire les patients, y compris la nouveauté de voir un chien de thérapie à la clinique, d’entendre les histoires que racontent les maîtres sur leur chien et de s’interroger l’un l’autre sur l’animal. Souvent, juste avant l’injection, un maître posera une question directe au patient, par exemple : « Pensez vous que le bouledogue Anna Belle peut courir aussi vite qu’un lapin? » afin de rediriger immédiatement son attention. Les autocollants et les cartes à collectionner de chiens de zoothérapie sont aussi utilisés pour distraire les enfants, en cas de besoin.
Le personnel infirmier a largement souligné que les chiens détendent l’atmosphère de la clinique.
Améliorer l’expérience de la vaccination
L’administration du vaccin a généralement été une expérience positive pour les patients de la clinique de vaccination de masse. Cela étant dit, le personnel, infirmier ou autre, et les patients ont associé la présence des équipes de zoothérapie canine à l’atténuation de l’anxiété et de la détresse chez les patients, à une hausse de leur confort et de leur satisfaction, à une distraction appréciée, et même à une certaine de joie apportée à la clinique. Les maîtres peuvent également témoigner d’innombrables façons dont la présence d’un chien de thérapie a rendu possible la vaccination pour certains patients. Par exemple, ils ont pu soutenir un enfant qui se cachait sous une chaise et réconforter des adultes qui étaient susceptibles de s’évanouir.
La présence des équipes de zoothérapie canine à la clinique de vaccination a permis au personnel infirmier et à d’autres professionnels de la santé de constater de visu que les visites des chiens de thérapie améliorent l’expérience des patients. Les membres du personnel infirmier ont également pu constater eux-mêmes les effets positifs de ces chiens. Les membres du personnel infirmier ont souligné en long et en large que les chiens détendent l’atmosphère de la clinique, facilitent leur travail auprès des patients hésitants, leur apportent du réconfort et contribuent à leur bien être dans un environnement de travail stressant.
Demande importante, offre limitée
À ce jour, le fait que la demande ne peut être satisfaite est l’une des principales limites à la participation des équipes de zoothérapie canine à la clinique de vaccination. La clinique de vaccination contre la COVID 19 fonctionne 12 heures par jour, et le personnel aimerait que plusieurs chiens de zoothérapie soient présents en permanence. Les équipes ne peuvent pas répondre à ce besoin, car elles sont formées de membres de la communauté qui peuvent se porter volontaires une ou deux fois par semaine. Les visites ne durent pas plus de deux heures afin de garantir le bien être des chiens. Pour que les patients puissent tirer des bienfaits de la zoothérapie lorsque les équipes de chiens de thérapie ne sont pas disponibles à la clinique de vaccination, notre équipe y a installé des bannières pour annoncer notre site Web, therapydogs.ca, où les patients peuvent avoir accès à des vidéos, des photos et des histoires de chiens de thérapie à Saskatoon. En partenariat avec Scholastic Canada, ce site comprend aussi des enregistrements où les maîtres lisent des livres pour enfants à leur chien.
Un cadre appelé Une seule santé peut expliquer pourquoi les chiens de zoothérapie sont bénéfiques dans cette clinique de vaccination de masse. Selon ce cadre, la santé des animaux et des humains, ainsi que l’environnement naturel sont étroitement liés. Il sert principalement pour expliquer la zoonose, la transmission de maladies de l’animal à l’humain, mais la « zooeyia » est aussi une composante du programme Une seule santé. La « zooeyia » représente les avantages de l’interaction humain-animal. Chalmers et Dell (2015), par exemple, ont révélé que les chiens de thérapie qui travaillent en tandem avec les humains (dans ce cas, les maîtres chiens, le personnel infirmier et d’autres professionnels de la santé) peuvent apporter du réconfort et du soutien dans un environnement physique et social, comme une clinique de vaccination.
Les prochaines étapes
L’accueil extrêmement positif réservé aux équipes de zoothérapie canine à la clinique de vaccination de masse contre la COVID 19 à Saskatoon mènera, souhaitons le, à des discussions plus approfondies sur leur intégration continue dans les cliniques et sur leur expansion pour soutenir les professionnels des soins infirmiers dans d’autres milieux médicaux. La prochaine étape consisterait à évaluer comment les patients accompagnés d’une équipe de zoothérapie canine font l’expérience du système CARD et le perçoivent. La recherche sur les cliniques de vaccination doit également se pencher sur la portée des visites de chiens de zoothérapie sur le bien être du personnel infirmier. L’importance d’une telle compréhension croîtra à mesure que les enfants et les jeunes reviendront pour recevoir leur deuxième dose du vaccin contre la COVID 19 et que d’autres doses de rappels seront disponibles pour tous les patients.
Remerciements : Merci aux maîtres chiens de l’Ambulance Saint Jean (Taunia Arthur, Jeanette Halpape, Lori McGeary, Jane Smith, Gwendolyn Stoeber, Jasmine Streisel) et aux employées de la Régie de la santé de la Saskatchewan (Jennifer Cushon, Monique Harmon Atkinson) pour leur contribution à cet article sur la pratique.
Références
Chalmers, D. et Dell C. A. « Applying One Health to the study of animal-assisted interventions », EcoHealth, 12(4), 2015, p. 560-562. doi:10.1007/s10393-015-1042-3.
Dell, C. A., Stempien, J., Broberg, L., Husband, A., Jurke, L., Rohr, B., … Fele-Slaferek, L. « A case study of the patient wait experience in an emergency department with therapy dogs », Patient Experience Journal, 6(1), 2016, p. 115-126. doi:10.35680/2372-0247.1306
Duong, D. « Closing Canada’s COVID-19 vaccination gap », CMAJ, 193(38), 2021, E1505-E1506. doi:10.1503/cmaj.1095963
Taddio, A., Ipp, M., Thivakaran, S., Jamal, A., Parikh, C., Smart, S., … Katz, J. « Survey of the prevalence of immunization non-compliance due to needle fears in children and adults », Vaccine, 30(32), 2012, p. 4807-4812. doi:10.1016/j.vaccine.2012.05.011
Colleen Anne Dell est professeure et titulaire d’une chaire de recherche sur la notion de One Health and Wellness au département de sociologie à l’Université de la Saskatchewan et maître d’un chien de thérapie associée à l’Ambulance Saint Jean.
Maryellen Gibson est coordonnatrice de la recherche sur la notion de One Health and Wellness.
Benjamin Carey est le coordonnateur du programme de zoothérapie canine PAWS Your Stress à l’Université de la Saskatchewan.
Holly McKenzie est boursière postdoctorale Banting pour One Health and Wellness.
Stephanie Peachey est l’évaluatrice du programme de zoothérapie canine d’Ambulance Saint Jean pour la Saskatchewan et maître d’un chien de thérapie.
Linzi Williamson est boursière postdoctorale des Instituts de recherche en santé du Canada dans le cadre du programme de bourse Transition vers le Leadership de One Health and Wellness.
Darlene Chalmers est professeure agrégée à la Faculté de travail social de l’Université de Regina, et maître d’un chien de thérapie.
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