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Comment une étude marquante sur la prise en charge de la température à la suite d’un arrêt cardiaque a conduit à un changement crucial dans la pratique

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2024/02/12/normothermia-same-benefit-less-risk

La normothermie offre des avantages semblables, mais comporte moins de risques

Par Marianne M. Rowland
12 février 2024
istockphoto.com/PeopleImages
Il est étonnant de constater à quel point la recherche contribue à éclairer notre pratique et à favoriser des résultats optimaux pour les patients.

C’était la fin d’une journée de travail bien remplie dans l’unité de soins intensifs et je revenais tout juste des urgences après avoir fait partie d’une équipe de professionnels talentueux qui avaient réussi à restaurer la circulation spontanée chez un patient à la suite d’un arrêt cardiaque. J’ai accompagné le patient dans l’unité, avec des poussées d’adrénaline, veillant à aborder la complexité, l’intensité et les soins détaillés qui garantissent que nous faisons tout en notre pouvoir pour que les patients obtiennent des résultats optimaux au sein de l’unité de soins intensifs. Ce sont les buts que le personnel infirmier de l’unité de soins intensifs cherche à atteindre.

Si j’écris cette perspective aujourd’hui, c’est que les données probantes d’il y a cinq ans justifiaient une prise en charge bien différente de celle d’aujourd’hui dans ce cas. Il y a cinq ans, la recherche soutenait le déclenchement de l’hypothermie ou, en termes simples, l’abaissement de la température corporelle centrale à 33 oC pendant 24 heures. Cette intervention consistait à perfuser des liquides intraveineux réfrigérés et à appliquer immédiatement une couverture réfrigérante pour abaisser la température corporelle tout en administrant de fortes doses de sédatifs, d’analgésiques et, dans la plupart des cas, d’un agent paralysant pour empêcher les patients de frissonner.

On croyait que le fait de refroidir le corps permettrait d’atténuer les répercussions de la diminution de la perfusion cérébrale pendant l’arrêt cardiaque. Par ailleurs, cette méthode était censée réduire la pression intracrânienne et améliorer l’apport en oxygène en faisant diminuer le métabolisme cérébral (Lusebrink et coll., 2022). Cette stratégie de refroidissement hypothermique n’était pas sans risque, le développement de caillots et d’arythmies cardiaques étant deux des plus courants.

Toutefois, en 2021, une étude marquante a été publiée, connue sous le nom d’essai TTM2, qui a comparé l’hypothermie (refroidissement à 33 oC) à la normothermie (température inférieure à 37,8 oC). L’étude a porté sur 1 850 patients ayant subi un arrêt cardiaque en dehors de l’hôpital et qui ont été répartis au hasard entre le groupe de gestion de la température par hypothermie et le groupe de gestion de la température par normothermie (Dankiewicz et coll., 2021).

La température corporelle du groupe en hypothermie a été immédiatement refroidie de façon active à 33 oC pendant 28 heures, tandis que le groupe en normothermie faisait l’objet d’un déclenchement du refroidissement en mode actif si la température corporelle atteignait 37,8 oC (Dankiewicz et coll., 2021). Le refroidissement a été établi à 37,5 oC pendant 40 heures. Après l’intervention de refroidissement, nous avons maintenu la température corporelle du groupe en normothermie entre 36,5 oC et 37,7 oC pendant 72 heures après l’arrêt cardiaque, avec ou sans refroidissement actif (Dankiewicz et coll., 2021).

Les résultats étaient convaincants. Il n’y avait pas d’autres avantages à réduire les probabilités de décès de toute cause à six mois ni d’amélioration des résultats fonctionnels à six mois si les patients se trouvaient dans le groupe en hypothermie (Dankiewicz et coll., 2021). Notre stratégie de prise en charge est passée à une surveillance continue de la température œsophagienne, à l’administration précoce d’agents antipyrétiques pour prévenir la fièvre et, dans certains cas, à l’application d’une couverture réfrigérante pour maintenir la température corporelle entre 36,5 oC et 37,7 oC.

Il est étonnant de constater à quel point la recherche contribue à éclairer notre pratique et à favoriser des résultats optimaux pour les patients. Jusqu’à ce que le prochain grand article de recherche prouve le contraire, je me réjouis de ne pas avoir à procéder à la sursédation, à l’administration d’agents paralysants et au refroidissement corporel, aspects que l’étude TTM2 ne juge pas nécessaires.

Références

Dankiewicz, J., Cronberg, T., Lilja, G., Jakobsen, J. C., Levin, H., … Neilsen, N. « Hypothermia versus normothermia after out-of-hospital cardiac arrest », New England Journal of Medicine, 382, 2021, p. 2283–2294. doi:10.1056/NEJMoa2100591

Lusebrink, E., Binzenholder, L., Kellinar, A., Scherer, C., Schier, J., Kleeberger, J., … Orban, M. « Targeted temperature management in postresuscitation care after incorporating results of the TTM2 trial », Journal of the American Heart Association, 11(21), 2022. doi:10.1161/JAHA.122.026539


Marianne M. Rowland, inf. aut., B. Sc. inf., est enseignante clinique à l’unité de soins intensifs de l’Hôpital Woodstock en Ontario.

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