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L’infirmier en chef de la Colombie-Britannique est impatient de s’attaquer aux problèmes de santé les plus graves

  
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Zachary Matieschyn établira la confiance et fera appel aux relations pour diriger

Par Laura Eggertson
6 août 2024
Gracieuseté de Zachary Matieschyn
« Je pense que la profession infirmière aimerait entendre une infirmière ou un infirmier parler de ce qui se passe dans la pratique, plutôt que de toujours l’entendre de la part du ministère de la Santé, déclare Zachary Matieschyn. Il est important que la profession infirmière se reconnaisse dans le gouvernement. Ce changement de pratique ne peut que remonter le moral des troupes. »

Un an après son entrée en fonction en tant qu’infirmier en chef provincial pour la Colombie-Britannique, Zachary Matieschyn peaufine l’art du leadership pragmatique.

« Je suis en fin de compte au service de la province, du ministère et du gouvernement, plutôt qu’au service de la profession, ce qui est une nuance délicate que je suis en train d’expérimenter, explique Zachary Matieschyn. Il ne vaut pas la peine de s’engager dans une bataille pour tout et pour rien, et il y a beaucoup en jeu ici. »

Pour Zachary Matieschyn, infirmier praticien qui a déjà été président de l’Association of Registered Nurses of British Columbia, apprendre à se délester de sa casquette de défenseur a nécessité un changement de stratégie.

Lorsqu’il dirigeait l’Association, il a développé ses compétences en communications, en élaboration de politiques et en relations gouvernementales. Aujourd’hui, il les met à profit pour tenter d’améliorer le système de soins de santé de la province sans brûler les étapes.

« La tactique de la terre brûlée est quelque chose dont on peut se servir une fois et obtenir ce que l’on veut, mais après, les gens risquent de ne plus vous écouter », dit-il.

Instaurer la confiance

En tant qu’infirmier en chef, Zachary Matieschyn a adopté un style de leadership relationnel. Son intention est de gagner la confiance de ses stratèges politiques, de façon à mieux faire évoluer le profil public de l’infirmier en chef.

« Je pense que la profession infirmière aimerait entendre une infirmière ou un infirmier parler de ce qui se passe dans la pratique, plutôt que de toujours l’entendre de la part du ministère de la Santé, déclare-t-il. Il est important que la profession infirmière se reconnaisse dans le gouvernement. Ce changement de pratique ne peut que remonter le moral des troupes. Il peut être difficile de travailler en première ligne et d’avoir l’impression que les gens ne se soucient pas de nos efforts. »

En même temps, Zachary Matieschyn ne perd pas de vue les besoins de l’ensemble du système de soins de santé, et pas seulement ceux de la profession infirmière.

Il défend toutefois les idées novatrices et les options politiques de son équipe sous un angle infirmier fermement ancré dans sa pratique actuelle de première ligne.

Une fois par semaine, malgré ses responsabilités gouvernementales, Zachary Matieschyn supervise une clinique de traitement de la toxicomanie et par agonistes opioïdes à Nelson, en Colombie-Britannique, où il a exercé en médecine familiale à temps plein pendant 12 ans avant de se joindre au ministère de la Santé en 2019.

Zachary Matieschyn reconnaît qu’il est difficile de jongler entre sa pratique, son rôle dans la fonction publique et sa vie familiale en tant qu’époux  et père de deux jeunes enfants. Mais c’est un avantage de connaître les préoccupations des patients, de comprendre les pressions qui s’exercent actuellement sur le personnel infirmier, et de prendre part aux défis permanents du système de soins de santé, estime-t-il.

« Je ressens toujours ce qui se passe en première ligne, dans le monde réel », déclare-t-il.

Une ressource précieuse en matière de toxicomanie

Le fait d’être l’un des infirmiers praticiens pouvant prescrire de la méthadone, de la suboxone et d’autres traitements par agonistes opioïdes est une corde de plus à son arc dans une province confrontée à une crise des drogues toxiques.

En 2023, 2 511 personnes sont mortes en raison de drogues présumées illicites en Colombie-Britannique, soit sept par jour, selon le bureau du coroner de la province. En annonçant cette étape sans précédent, l’ancienne coroner en chef Lisa Lapointe, qui a pris sa retraite en février, a désigné le fentanyl comme le principal coupable et a appelé la province à étoffer les services de réduction des méfaits. Elle a insisté sur la mise en place de programmes de traitement et de rétablissement accessibles et fondés sur des données probantes, plutôt que sur la « répression et la punition sous couvert de politique publique ».

En tant qu’infirmier en chef de la province, Zachary Matieschyn ne peut pas commenter ou critiquer directement l’orientation politique du gouvernement.

« Les chiffres sont tout simplement tragiques, déclare-t-il. En Colombie-Britannique, le taux de mortalité a commencé à baisser dans les six mois qui ont précédé la pandémie, mais il s’est rapidement inversé et a empiré, indépendamment des nouvelles initiatives qui ont été prises. »

Ce que Zachary Matieschyn peut transmettre est sa fierté entourant la décision de la Colombie-Britannique d’autoriser les infirmières et infirmiers autorisés et les infirmières et infirmiers psychiatriques autorisés à prescrire tous les traitements oraux par agonistes opioïdes aux personnes souffrant de troubles de consommation d’opioïdes, une décision que son équipe a facilitée en soutenant les modifications de la réglementation. La Colombie-Britannique a été la première province à élargir ainsi le champ d’exercice de la pratique infirmière.

« La province a considérablement renforcé l’accès à ces traitements, surtout en régions rurales et isolées, explique Zachary Matieschyn.

La crise engendre des occasions, ce qui a vraiment forcé les décideurs à élargir les champs d’exercice, décision qui s’est avérée efficace. Nous n’avons pas déréglé le système; une autre profession n’est pas réduite à l’indigence et à mendier des fonds. Il s’avère qu’il y a suffisamment de ressources pour tout faire. »

Outre la crise des drogues toxiques, l’enjeu de la diminution du nombre de membres de la profession infirmière et d’autres professionnels de la santé revêt une grande importance en Colombie-Britannique, comme dans toutes les autres provinces.

Priorité sur le recrutement

Zachary Matieschyn et son équipe se concentrent sur la meilleure façon de recruter l’effectif infirmier, notamment en trouvant des moyens de rationaliser le parcours d’accès à la pratique pour les infirmières et infirmiers qui ont fait leurs études à l’étranger.

« C’est l’une de nos priorités : examiner le parcours [des infirmières et infirmiers formés à l’étranger], remettre en question chaque étape de ce parcours, sabrer des sections s’il le faut et les rétablir avec un nouveau processus qui réduit le temps, s’il n’est pas nécessaire ».

« J’aime sabrer des éléments qui ne sont pas logiques et qui existent depuis des décennies, sans que personne ne sache pourquoi. »

L’infirmier en chef aime aussi la décision de son équipe de réduire le temps nécessaire pour se spécialiser au cours du baccalauréat en sciences infirmières, grâce à une initiative de parcours de spécialisation. Un de ses collègues a aussi décidé de promulguer des ratios minimums d’infirmières ou infirmiers par rapport aux patients, de façon à ce qu’au cours des prochaines années, la province finance les autorités sanitaires afin de garantir un ratio d’un pour quatre dans les unités médicales et chirurgicales, et un ratio d’un pour deux dans les environnements à haute acuité de soins, comme les soins intensifs.

« La théorie est la suivante : si l’on construit un système sûr et bien soutenu, où il fait bon travailler, les membres du personnel infirmier à la retraite réintégreront le marché du travail ou reviendront à l’âge mûr s’ils souffraient d’épuisement professionnel, ce qui motivera la nouvelle génération à faire le saut vers la profession infirmière, » explique Zachary Matieschyn.

Au cours des trois prochaines années, « il semblera plus intéressant d’envisager la profession infirmière », prédit-il, citant les 237 millions de dollars que la province a prévu dans son budget pour maintenir en poste les infirmières et infirmiers.

L’utilité de l’argent

Zachary Matieschyn assume ses fonctions à un moment opportun, car les défis du système de soins de santé signifient que le gouvernement accueille favorablement les idées novatrices et est prêt à payer pour les mettre en œuvre, explique-t-il.

« L’austérité ne fonctionnera pas, ce qui ouvre de nombreuses possibilités. L’argent ne peut pas tout faire, mais est certainement utile. »

Bien qu’une quantité « considérable » de travail attende l’infirmier en chef et son équipe, « une grande partie de ce travail est très innovante et passionnante », affirme Zachary Matieschyn.

Il se réjouit notamment de travailler avec l’infirmière en chef du Canada, Leigh Chapman, qui partage la même passion et les mêmes antécédents en matière de soins infirmiers liés à la consommation de substances. Il espère également collaborer avec ses homologues provinciaux et territoriaux afin de partager non seulement les réussites, mais aussi les échecs.

Dans ses rares moments de détente, autres que ceux passés avec sa femme Michelle, leur fille Vivianne, âgée de trois ans, et leur fils Zavier, âgé de six ans, Zachary Matieschyn fait les ventes-débarras pour enrichir sa collection de disques vinyle et lit des romans de science-fiction et d’histoire.

« À l’approche de la mi-quarantaine, la curiosité d’en savoir plus sur la science et la recherche sur la longévité occupe une bonne partie de ma bande passante de lecture, ajoute-t-il. Ces nouvelles connaissances ont revigoré son engagement à faire de l’exercice, à pratiquer des activités en plein air et à mieux manger.

Il s’est également engagé à poursuivre le travail de réconciliation avec les Autochtones et à rencontrer des infirmières et infirmiers en exercice, des chefs de file en soins infirmiers, des étudiantes et étudiants et des membres du corps professoral lors de ses déplacements dans la province.

« Les contraintes et les pressions qui pèsent sur la main-d’œuvre sont incroyablement aiguës et j’ai le cœur lourd de savoir à quelles difficultés sont confrontés de nombreux membres du personnel infirmier, déclare Zachary Matieschyn.

Les solutions existent, mais leur mise en œuvre nécessite un délai à moyen ou long terme. Il s’agit d’un problème très difficile à gérer et à résoudre, mais nous devons continuer à y travailler et à faire ce qu’il y a de mieux. »


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.

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