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Si vous contribuez à la diffusion du « curriculum caché », vous faites partie du problème
Par Kathy Arseneau
1 octobre 2024
istockphoto.com/LeoPatrizi
Décourager les autres d’intégrer la profession qui a un besoin urgent de personnel a entraîné de nouvelles épreuves pour les organisations de soins de santé et la profession infirmière elle-même.
« Chaque fois que quelqu’un me dit s’orienter vers les soins infirmiers, je m’arrête et je dis : C’est de la folie! Je n’inciterais jamais personne à s’orienter vers cette profession. »
Gracieuseté de Kathy Arseneau
« Les infirmières et infirmiers ont le pouvoir d’influencer l’avenir des soins infirmiers », dit Kathy Arseneau.
J’ai entendu cette réaction à de nombreuses reprises de la part d’infirmières et d’infirmiers de première ligne qui ont dû faire face à une pénurie persistante de personnel infirmier, à une pandémie mondiale et à des charges de travail extrêmement lourdes. Peut-on reprocher aux membres du personnel infirmier de se sentir ainsi?
Absolument pas. Alors que de nombreuses personnes ont pu se tourner vers le travail virtuel dans le confort de leur foyer durant la pandémie (« un autre café matinal avec ma nouvelle machine à espresso commandée sur Amazon! »), les infirmières et infirmiers se lançaient dans l’inconnu, équipés de ressources limitées, d’un personnel réduit et de politiques qui changeaient tous les jours, parfois toutes les heures.
Aujourd’hui, alors que la pandémie s’est stabilisée, nous sommes toujours confrontés à une pénurie grave de l’effectif infirmier. En leur demandant ce qui pourrait améliorer notre paysage infirmier actuel, les infirmières et infirmiers répondent sans l’ombre d’un doute : « Plus d’infirmières et d’infirmiers ». D’accord, mais comment recruter et maintenir en poste les infirmières et infirmiers lorsque la profession en soi semble dire aux gens de fuir? Décourager les autres d’intégrer la profession qui a un besoin urgent de personnel a entraîné de nouvelles épreuves pour les organisations de soins de santé et la profession infirmière elle-même.
Ce phénomène peut être lié à un concept connu sous le nom de « curriculum caché » qui existe dans toutes les professions. Le curriculum caché est défini comme l’enseignement non intentionnel qui est transmis aux autres par l’intermédiaire d’attitudes, de valeurs et de gestes en milieu de travail. Il existe dans toutes les disciplines et ses effets peuvent être bénéfiques ou néfastes pour les environnements de travail et les professions.
Les enseignants font souvent référence au curriculum caché pour décrire les différences entre l’éducation formelle que les étudiantes et étudiants reçoivent des établissements (programmes des universités et des collèges) et la formation informelle reçue par la voie des interactions qui ont lieu au poste de soins infirmiers, à la cafétéria ou dans les corridors.
Cependant, le curriculum caché se manifeste également en milieu de travail : il peut ternir l’image professionnelle des soins infirmiers, dissuader les gens d’exercer la profession ou les inciter à l’abandonner complètement. L’image de la profession infirmière devient négative par le biais de celles et ceux qui travaillent actuellement dans ce domaine et découragent les autres de l’intégrer. Ele peut prendre la forme de déclarations telles que :
- « Si j’étais jeune et sans attaches, je voyagerais pour offrir des soins infirmiers, je ne perdrais pas mon temps ici. »
- « Pourquoi avez-vous décidé de devenir infirmière ou infirmier? À votre place, je changerais de profession. »
- « Si c’était à refaire, je n’aurais pas choisi la pratique infirmière. Il est encore temps de changer d’idée. »
Pourquoi s’en préoccuper?
Les infirmières et infirmiers constituent la majorité du personnel des organismes de soins de santé. Ce qui signifie que les infirmières et infirmiers jouent non seulement un rôle essentiel dans la prestation des soins, mais qu’ils contribuent également à influencer et à façonner l’avenir des soins infirmiers.
Lorsque les infirmières et infirmiers font preuve de professionnalisme et de fierté à l’égard de leur carrière, ils rehaussent le niveau de la profession; ce qui, à son tour, peut encourager d’autres personnes à s’engager dans ce domaine ou à y rester. Nous avons désespérément besoin d’un tel encouragement en ce moment.
Le curriculum caché est plus puissant et plus mémorable que n’importe quelle annonce de recrutement tape-à-l’œil. Aucune campagne publicitaire ne peut encourager efficacement les gens à se joindre à une profession si les membres leur disent de rester à l’écart.
Les infirmières et infirmiers ont le pouvoir d’influencer l’avenir des soins infirmiers. Ils peuvent exercer ce pouvoir de manière positive en encourageant d’autres personnes à intégrer la profession afin d’améliorer les conditions de travail et l’image de la profession. Personne ne peut mieux promouvoir les soins infirmiers que les infirmières et infirmiers eux-mêmes.
La recherche nous apprend que le curriculum caché est ce qui influence le plus fortement le professionnalisme, l’élément même qui est essentiel pour créer une image positive et attirer d’autres personnes vers une profession. Lorsque le curriculum caché est négatif, il peut conduire à l’abandon du professionnalisme, à la détérioration de la culture en milieu de travail et à la création d’images indésirables de la profession. Tous ces éléments rendent le recrutement et le maintien en poste du personnel infirmier plus difficiles.
Bien que le curriculum caché se déroule subtilement sous la surface, ses conséquences peuvent être considérables et dévastatrices : « Iceberg, droit devant! »
Nous ne pouvons pas nier que les conditions de travail de la pratique infirmière sont difficiles et éprouvantes, et nous ne pouvons pas non plus ignorer ce que ressentent les infirmières et infirmiers. Leurs sentiments sont valables et ils méritent mieux. Cependant, si nous convenons que la solution pour améliorer les conditions de travail est d’avoir un effectif plus important, alors pourquoi décourager avect tant de véhémence les autres d’intégrer la profession?
Une grande partie de la formation infirmière se fait par l’observation, qu’il s’agisse d’apprendre à poser une perfusion ou à panser une plaie, nous « observons, puis posons les gestes » pour acquérir nos compétences professionnelles. L’apprentissage par l’observation est aussi l’un des meilleurs outils dont nous disposons pour renforcer le recrutement et le maintien en poste du personnel infirmier. C’est ce que les autres observent et entendent de la part des infirmières et infirmiers qui aura le plus de répercussions sur les aspirantes et aspirants à la profession. Si vous leur dites de ne pas intégrer la profession, ils vous écouteront.
La pratique infirmière est l’une des professions les plus respectées et les plus fiables au monde. De par la nature même de notre travail, nous sommes toujours en train d’enseigner, que ce soit de façon formelle ou informelle, par la voie d’un curriculum caché.
Ce que vous enseignez sera-t-il utile ou préjudiciable à la profession?
Kathy Arseneau, IAA, B.A., M. Éd., est coordonnatrice de modèle régional de soins qui vit et travaille à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Elle fait la promotion de modèles de soins fondés sur une collaboration étroite et l’optimisation du champ d’exercice afin d’assurer des résultats optimaux pour les patients.
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