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Huit recommandations sur la façon dont les infirmières et infirmiers peuvent maximiser leur utilisation de l’IA
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Il est important que les infirmières et infirmiers prennent l’initiative de réfléchir à la façon dont l’IA et un nombre croissant d’applications génératives de l’IA sont mises en œuvre dans divers contextes.
L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA), y compris l’IA générative, dans les soins de santé suscite beaucoup d’enthousiasme. Des applications comme le traitement du langage naturel, la génération d’images médicales, la découverte de médicaments et la modélisation comportementale font progresser l’utilisation de cette technologie au point d’intervention.
Toutefois, les applications pratiques de l’IA, et plus particulièrement de l’IA générative dans le domaine des soins infirmiers, ne sont pas bien connues de la profession, et leurs répercussions ne sont pas bien comprises. Ainsi, bien que le potentiel des technologies d’IA dans le domaine des soins infirmiers suscite une certaine adhésion, il existe aussi un sentiment de prudence, motivé par des préoccupations telles que la partialité et la représentation des données, l’éthique, la fiabilité et l’interprétabilité, les questions de réglementation et l’intégration dans les flux de travail des soins infirmiers.
Cet article met en lumière le recours potentiel à l’IA ou à l’IA générative en soins infirmiers, et formule des recommandations quant à la façon dont les soins infirmiers peuvent assumer un leadership plus important pour veiller à ce que l’IA soit mise en œuvre de façon constructive et appropriée.
Cas d’utilisation 1 : transcription numérique fondée sur l’IA et technologie de reconnaissance vocale
Le fardeau de la documentation demeure une grande difficulté pour les soins infirmiers. Une transcription numérique fondée sur l’IA est un outil alimenté par l’intelligence artificielle conçu pour aider les infirmières et infirmiers et les autres fournisseurs de soins de santé à répertorier les soins aux patients dans le dossier de santé électronique en écoutant l’interaction clinique et en générant le contenu préliminaire de la documentation.
La technologie de reconnaissance vocale est semblable. Avec cette technologie, la dictée verbale de l’interaction clinique du personnel infirmier est transcrite en texte en temps réel. Les raisons sous-jacentes au fardeau de la documentation sont complexes, tout autant que les solutions. La transcription numérique fondée sur l’IA et la technologie de reconnaissance vocale peuvent jouer un rôle important dans la résolution de ce problème.
Cas d’utilisation 2 : Système d’aide à la décision clinique
Les infirmières et infirmiers prennent constamment des décisions pour faciliter les soins. Certaines de ces décisions peuvent être soutenues de façon positive par l’analyse de vastes quantités de données, ce qui ne peut pas être fait de façon réaliste pendant le processus de traitement des cas en cours.
Les systèmes d’aide à la décision clinique (SADC) alimentés par l’IA aident le personnel infirmier à prendre des décisions cliniques en analysant les données des patients, la littérature médicale et les pratiques exemplaires afin de fournir des recommandations fondées sur des données probantes. Les SADC peuvent aider les infirmières et infirmiers dans des tâches telles que la prise en charge des médicaments, le calcul de la posologie et la planification des soins. Par exemple, ces systèmes peuvent alerter les infirmières et infirmiers en cas d’interactions médicamenteuses potentielles, suggérer des interventions appropriées en fonction des antécédents des patients et de leur état actuel, et fournir une aide à la décision pour des scénarios cliniques complexes.
Recommandations pour la pratique infirmière
Il est important que les infirmières et infirmiers prennent l’initiative de réfléchir à la façon dont l’IA et un nombre croissant d’applications génératives de l’IA sont mises en œuvre dans divers contextes. Cet examen exige des efforts proactifs et immédiats de la part de la profession infirmière pour garantir que les technologies d’IA sont déployées de manière éthique, responsable et équitable.
Voici huit recommandations sur la façon dont la profession infirmière peut et doit agir maintenant pour maximiser son influence sur ce changement technologique important :
- Investir dans des programmes d’éducation et de formation pour familiariser les infirmières avec les technologies d’IA, y compris les capacités, les limites et les enjeux éthiques de l’IA. Il est primordial d’offrir des possibilités d’apprentissage continu et de développement des compétences pour permettre aux infirmières et infirmiers en exercice et en formation d’exploiter les outils d’IA dans leur travail futur, le cas échéant.
- Élaborer et respecter les lignes directrices et les normes éthiques pour l’utilisation responsable de l’IA dans la pratique infirmière. Il s’agit notamment de collaborer avec des organisations professionnelles, des organismes de réglementation et des intervenants interdisciplinaires (y compris les autres disciplines de la santé) afin d’établir des cadres éthiques qui donnent la priorité à la sécurité des patients, à la protection de la vie privée, à l’autonomie et à l’équité face à cette technologie en plein essor. Il est prioritaire de plaider pour que l’IA soit mise en valeur lors de la révision et de la mise à jour des normes de pratique et des codes de déontologie, même si des cadres autonomes sont en cours d’élaboration.
- Encourager les infirmières et infirmiers à évaluer les solutions d’IA avant de les mettre en œuvre, en tenant compte de facteurs tels que la partialité des données, la transparence, la responsabilisation et l’incidence potentielle sur les soins et les résultats pour les patients. Il est important d’entamer des discussions interdisciplinaires et d’apporter des preuves de l’efficacité des technologies de l’IA dans la pratique infirmière. Cette technologie, en particulier l’IA générative, s’est révélée être un générateur efficace de désinformation en matière de santé selon des études récentes. Il est donc essentiel que les infirmières et infirmiers surveillent ce risque dans les résultats, à la fois pour leur propre usage et, ce qui peut-être encore plus important, pour l’usage des patients.
- Maintenir une démarche de la prestation des soins centrée sur les patients lors de l’intégration des technologies de l’IA dans la pratique infirmière. Il s’agit notamment de donner la priorité aux préférences et aux valeurs des patients dans la prise de décision et de veiller à ce que les outils d’IA améliorent les aspects humains des soins infirmiers, plutôt que de les remplacer. Le concept de l’amplification de l’IA rappelle aux infirmières et infirmiers que ces outils sont des moyens d’élargir les modes de connaissance dans le cadre d’une pratique fondée sur des données probantes. Les soins humanistes et empreints de compassion sont, après tout, la pierre angulaire des soins infirmiers.
- Favoriser la collaboration et la communication interdisciplinaire entre les infirmières et infirmiers, les fournisseurs de soins de santé, les technologues, les décideurs politiques et les patients afin de concevoir, développer et mettre en œuvre conjointement des solutions d’IA qui répondent aux besoins des diverses populations de patients et de divers établissements de soins de santé. Pour y parvenir, les infirmières et infirmiers doivent engager un dialogue ouvert afin de répondre aux préoccupations, de transmettre les pratiques exemplaires et de promouvoir la transparence et la responsabilisation dans la mise en œuvre de l’IA.
- Plaider en faveur de l’équité en matière de santé, de justice sociale et d’environnement dans le cadre de l’élaboration, du déploiement et de l’évaluation des technologies de l’IA. Cette étape doit être réalisée pour s’assurer que les solutions d’IA sont accessibles, inclusives, appropriées sur le plan culturel et avancées en tenant compte des répercussions sur l’environnement. Les besoins en énergie de l’IA sont considérables, nécessitant une consommation d’énergie importante en raison du fonctionnement et du refroidissement des serveurs dans les centres de données, entre autres fonctions. Les infirmières et infirmiers peuvent jouer un rôle dans la promotion de politiques et de démarches qui tiennent compte de cette préoccupation environnementale, ainsi que des disparités en matière d’accès aux soins de santé, de résultats et de représentation dans l’élaboration et l’intégration en cours des technologies de l’IA. L’équité en matière de santé et la justice sociale sont aussi des aspects essentiels de la pratique infirmière au Canada qui doivent être garantis lors du déploiement d’outils d’IA.
- Mettre en place des mécanismes de contrôle et d’évaluation continus des systèmes d’IA dans la pratique infirmière, notamment pour détecter les biais, les erreurs et les conséquences involontaires. La profession infirmière peut plaider en faveur de la mise en œuvre de processus de rétroaction, d’amélioration de la qualité et de perfectionnement itératif de l’IA afin d’en accroître la sécurité, l’efficacité et la facilité d’utilisation au fil du temps.
- Jouer un rôle actif dans le leadership professionnel et les structures de gouvernance afin d’influencer les décisions politiques, les normes de pratique et les cadres réglementaires liés à l’IA dans les soins infirmiers. La profession doit plaider pour que la voix des infirmières et infirmiers soit représentée dans les discussions sur les répercussions éthiques, juridiques et sociétales des technologies de l’IA dans les soins de santé.
La profession infirmière pourrait tirer des avantages considérables si l’IA, y compris l’IA générative, était mise en œuvre de façon constructive pour soutenir les soins infirmiers et faire avancer la profession. Cependant, cette mise en œuvre doit se faire sous l’initiative de la profession infirmière. Cet article formule des recommandations sur la façon dont la profession peut y parvenir.
Gillian Strudwick, inf. aut., Ph. D., FAMIA, FCAN, est scientifique et responsable en chef de l’informatique clinique au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH).
Tracie Risling, inf. aut., Ph. D., est professeure agrégée au collège de sciences infirmières de l’Université de la Saskatchewan.
Les auteures sont des membres du comité consultatif de rédaction de la revue infirmière canadienne.
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