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L’essence des limites : réflexions sur la façon dont l’introspection peut influencer la capacité à fournir des soins empathiques

  
https://www.canadian-nurse.com/blogs/cn-content/2024/11/04/introspection-ability-provide-empathetic-care

Une compréhension profonde et authentique de nous-mêmes peut être le fondement d’une pratique infirmière efficace

Par Olivia Noone
4 novembre 2024
istockphoto.com/DrazenZigic
La capacité à s’investir dans l’introspection contribue à ce qui est généralement considéré comme l’une des qualités idéales du personnel infirmier, l’harmonie unique entre le professionnalisme et l’humanitarisme.

En soins infirmiers, il est essentiel de se rappeler que nous sommes toujours soumis au même continuum d’émotions humaines, de vulnérabilité et de souffrance que nos patients. C’est pourquoi il est impératif que nous soyons conscients de notre identité et de notre humanité, et que nous nous rattachions à ce domaine de travail aux multiples facettes et immensément valorisant. Sans ces compétences, nous devenons moralement faibles dans notre capacité à incarner les principes des soins thérapeutiques pour interagir efficacement avec nos patients.

Gracieuseté d’Olivia Noone
« Lorsque j’ai appris à aborder les scénarios sous l’angle de la prévention et de la santé publique, c’était libérateur. En combinant cette démarche avec l’introspection, j’ai pu mieux me comprendre et adopter un point de vue plus empathique, » dit Olivia Noone.

Cet article se penche sur la pratique relationnelle et l’empathie dans le but d’en souligner l’importance dans les soins de santé. J’espère démontrer l’importance de l’amélioration de soi et la nécessité d’avoir une compréhension profonde et authentique de soi comme fondement d’une pratique infirmière efficace. Je me concentre sur l’introspection parce qu’elle renforce les frontières entre les patients et les fournisseurs et contribue à de meilleurs résultats cliniques, à des milieux de travail plus sûrs et à une meilleure justice sociale grâce à une répartition équitable du pouvoir.

Qu’est-ce que l’introspection?

L’introspection est décrite comme une compétence « d’auto-observation et la prise de conscience de pensées, de désirs et de sensations intérieurs. Il s’agit d’un processus conscient et volontaire qui repose sur la réflexion, le raisonnement et l’examen de ses propres pensées et sentiments » (Andersen et Dybbroe, 2017, p. 22). En d’autres termes, cette activité intuitive offre aux praticiens une voie de pratique réflexive qui favorise la conscience de soi.

La capacité à s’investir dans l’introspection contribue à ce qui est généralement considéré comme l’une des qualités idéales du personnel infirmier, l’harmonie unique entre le professionnalisme et l’humanitarisme. Cette qualité sous-tend le fondement et l’intégrité d’un système de soins de santé accessible à tout le monde, ce qui renforce la nécessité de défendre les intérêts des patients pour mieux les servir.

Mettre l’introspection à contribution

Malgré les nombreux avantages de l’introspection, celle-ci a souvent placé les spécialistes de la santé dans des eaux tumultueuses où ils ont du mal à trouver la meilleure façon de plaider pour la santé et le bien-être des patients, surtout lorsqu’ils semblent en désaccord avec leurs choix de vie. Dans ces moments-là, nous devons faire de l’autoréflexion et rester en harmonie avec nos propres croyances et désirs, tout en rencontrant de façon réaliste les patients là où ils en sont dans leur parcours de santé.

Par exemple, j’ai pris soin un jour d’une patiente qui a été hospitalisée après une chirurgie à la colonne vertébrale, après avoir été alitée pendant neuf mois en raison d’autres comorbidités. Lorsque je lui ai demandé quels étaient ses objectifs pour la journée, elle a murmuré avec envie qu’elle voulait rentrer chez elle. Malheureusement, elle n’était pas en état de rentrer chez elle et, bien que je ne puisse pas changer son état à moi toute seule, j’ai immédiatement compris son désir de se retrouver dans un espace confortable et familier à un moment où elle ressentait de l’instabilité et de la détresse. Grâce à ce discernement, j’ai pu honorer ce qu’elle ressentait et affirmer que notre objectif pour la journée pouvait être de travailler à une plus grande indépendance comme étape pour atteindre son objectif final d’avoir son congé de l’hôpital. Cette déclaration l’a fait sourire, et j’ai senti qu’elle chérissait cette solution qui tenait compte de ses propres valeurs. Mon initiative de soins thérapeutiques lui a inspiré confiance.

Cet exemple illustre comment l’introspection peut renforcer l’empathie d’une personne, améliorant ainsi la communication thérapeutique et l’entretien motivationnel. Cette démarche m’a permis de me connecter à mes propres expériences et sentiments afin de fournir une réponse qui satisfait ses besoins sous-jacents. En revanche, le lendemain, j’ai été témoin d’une interaction entre le médecin et la même patiente. Il lui expliquait franchement, sans détour, qu’il n’y avait aucune possibilité de rentrer chez elle, ce qui a fait changer instantanément son attitude en un repli sur soi. Cet exemple illustre parfaitement comment la façon dont nous interagissons avec les patients peut modifier les résultats cliniques et faire en sorte qu’une patiente est motivée et active dans ses soins ou qu’elle ne se sent pas du tout concernée.

Comment la communication peut faire progresser la justice sociale

Les applications pratiques des techniques de communication thérapeutique sont infinies et dépassent même le domaine des soins infirmiers pour s’étendre à celui de la justice sociale. La plupart de ces techniques relationnelles peuvent se trouver dans les ressources de perfectionnement professionnel fournies par les employeurs afin d’améliorer notre maîtrise et notre confiance dans leur mise en œuvre dans nos domaines pratiques. Par exemple, j’ai trouvé un cours sur la façon d’aborder les conversations difficiles avec une sensibilité et une précision intrinsèques par l’entremise d’une autorité sanitaire régionale (Island Health, s.d.). La nature concise du cours a permis de rationaliser la théorie en une utilisation clinique pratique et a offert une perspective pour la rédaction de cet article.

En ce qui concerne ma propre perception de moi-même, tant sur le plan personnel que clinique, je souscris fermement à la croyance d’une approche en amont pour obtenir la santé au moyen d’une formation multidimensionnelle et je l’incarne. J’invite les lectrices et lecteurs à envisager d’adopter pleinement une telle démarche, car elle vous mettra au défi, en tant que praticienne et praticien de la santé, de plonger dans le perfectionnement professionnel et la formation continue dans le but de comprendre comment les tendances et les variations pathologiques s’intègrent dans un tableau d’enjeux et de conflits plus larges, ce qui n’est pas une mince affaire. Percevoir la santé comme étant attribuable aux dimensions combinées de l’identité sociale et des influences environnementales soutient une compréhension du principe de l’intersectionnalité.

Le rôle des mesures préventives

Comprendre l’origine de la mauvaise santé et rajuster le tir dès le début du processus permet de promouvoir la santé communautaire à un niveau beaucoup plus large, remettant ainsi en question la relation de cause à effet pour maximiser l’avantage social.

Il s’agit là d’un impératif qui, à mon avis, est souvent négligé.

Cet oubli illustre comment la société est prompte à trouver des solutions contre-intuitives qui, alors que souvent bien intentionnées, s’avèrent futiles dans le grand tableau lorsqu’elles sont examinées d’un œil plus critique. Par exemple, une infirmière peut faire un exposé sur l’importance du contrôle de la glycémie pour le diabète, mais sans accès à l’équipement médical nécessaire, le patient n’a aucun moyen d’y parvenir.

Lorsque j’ai appris à aborder les scénarios sous l’angle de la prévention et de la santé publique, c’était libérateur. En combinant cette démarche avec l’introspection, j’ai pu mieux me comprendre et adopter un point de vue plus empathique. Cette révélation d’une vision professionnelle du monde a validé un processus de réflexion individuel de longue date qui me semblait incompréhensible à expliquer après avoir été perçu comme une simple complexité par les autres pendant trop longtemps. Nous sommes toutes et tous, de nature, le résultat de dynamiques combinées au sein de nos systèmes, de nos environnements et de nos possibilités. Avec ces connaissances, nous pouvons susciter un changement social qui encourage l’inclusion de toutes les voix, en intégrant la façon dont la justice sociale favorise l’équité en santé de la population (Fawcett, 2019). Les infirmières et infirmiers ont donc l’obligation éthique d’adopter cette démarche dans le cadre de leur pratique courante en tant que défenseurs des patients.

En même temps, cependant, nous ne devons jamais oublier de faire le point avec nous-mêmes et de créer des limites qui distinguent nos luttes personnelles de celles pour la vie de nos patients, et d’être attentifs au moment où une situation dépasse nos capacités et commence à provoquer des éléments déclencheurs en nous-mêmes. C’est le signe qu’il est urgent de rechercher le soutien d’une équipe externe pour s’assurer que les besoins des patients seront satisfaits tout en éprouvant de la compassion envers soi-même (Maté et Maté, 2022).

Conclusion

Cette réflexion a démontré la nécessité de l’introspection chez les infirmières et infirmiers qualifiés dans tous les contextes, afin de maintenir les limites entre les patients et les fournisseurs de soins pour de meilleurs résultats cliniques et des pratiques professionnelles sûres. L’introspection incarne les principes de la justice sociale en plaçant notre humanité sur un pied d’égalité avec celle de nos patients et en égalisant par la suite la répartition du pouvoir. Cela commence par des soignants empathiques qui initient et préservent une relation thérapeutique porteuse de soutien et de compréhension des différences.

Références

Andersen, L. L. et Dybbroe, B. « Introspection as intra-professionalism in social and health care », Journal of Social Work Practice, 31(1), 2017, p. 21–35. https://doi.org/10.1080/02650533.2016.1142952

Fawcett, J. « Thoughts about social justice », Nursing Science Quarterly, 32(3), 2019, p. 250–253. doi:10.1177/0894318419845385

Island Health. (s.d.). Essential conversations: Sensitive questions and messages in health care. [Module de formation en ligne]. Tiré de https://learninghub.phsa.ca/Courses/29201

Maté, G. et Maté, D. The myth of normal: Trauma, illness & healing in a toxic culture, Avery, 2022.


Olivia Noone est étudiante en soins infirmiers à Victoria, en Colombie-Britannique, qui se passionne pour la promotion de la santé dans le monde et l’amélioration de la dynamique entre les patients et les fournisseurs de soins. Son plaidoyer découle de diverses expériences cliniques et de problèmes de santé personnels.

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