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Il est prouvé que faire barboter l’oxygène dans de l’eau ne répond pas aux besoins physiologiques, ne soulage pas les symptômes de sécheresse et peut augmenter le risque d’infection
Par Woochan Park
18 novembre 2024
L’utilisation d’un humidificateur à eau froide pour faire barboter l’oxygène est depuis longtemps une pratique courante en soins infirmiers. Dans Soins infirmiers – Fondements généraux, sixième édition (2019, p. 979), Astle, Duggleby et Potter (2019) affirment que « l’[h]umidification est nécessaire pour les patients recevant une oxygénothérapie à >4 L/min. Faire barboter de l’oxygène dans l’eau peut ajouter de l’humidité à l’oxygène transmis aux voies respiratoires supérieures, comme avec une canule nasale ou un masque facial. » [traduction libre]
Cependant, cette pratique mérite d’être réévaluée. Des données importantes indiquent que le barbotage de l’oxygène à l’aide d’un humidificateur à eau froide ne permet pas de répondre aux besoins physiologiques, ne soulage pas de façon marquée les symptômes de sécheresse ressentis par les patients et peut augmenter le risque d’infection.
Humidification inadéquate
L’oxygène barboté dans l’eau sans source de chaleur entraîne une humidification insuffisante pour répondre aux besoins physiologiques. Davis, Parbrook et Kenny (1995, p. 156–157) affirment que les niveaux d’humidification obtenus par cette méthode sont inférieurs à ce qui est nécessaire pour prévenir la sécheresse et l’irritation des membranes muqueuses. Santana et coll. (2021) vont plus loin en notant que l’humidification à bulles froides d’oxygène à faible débit ne prévient pas les changements aigus de l’inflammation et du stress oxydatif dans la muqueuse nasale. Cette insuffisance peut entraîner une gêne et des complications possibles pour les patients nécessitant une oxygénothérapie de longue durée.
Absence de soulagement des symptômes
L’efficacité de l’humidification à l’eau froide pour soulager les symptômes de sécheresse est également discutable. Wen et coll. (2017) n’ont pas trouvé de différences notables dans les symptômes tels que le nez sec, la gorge sèche, les saignements de nez, la gêne thoracique, l’odeur de l’oxygène et les changements dans les niveaux de saturation pulsatile en oxygène (SpO2) entre les patients recevant de l’oxygène à bulles et ceux qui n’en recevaient pas. Cette absence de signification statistique suggère que la pratique n’apporte pas le soulagement escompté de la sécheresse et des symptômes connexes, ce qui remet en question ses bienfaits cliniques.
Risque d’infection
Une autre préoccupation essentielle est le risque de contamination de la source d’eau utilisée dans les humidificateurs (Wen et coll., 2017). L’eau contaminée peut introduire des agents pathogènes dans le système respiratoire, augmentant ainsi le risque d’infections. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les patients dont le système immunitaire est affaibli ou ceux qui sont déjà vulnérables en raison de leurs états sous-jacents.
Recommandations
Compte tenu des limites et des risques associés à l’humidification à l’eau froide, d’autres méthodes doivent être envisagées.
- La British Thoracic Society recommande la nébulisation de solution saline pour contrer les effets de la sécheresse pendant l’administration d’oxygène à faible débit (O’Driscoll, Howard, Earis et Mak, 2017). La nébulisation de solution saline peut fournir l’humidité nécessaire de façon efficace, sans les risques de contamination associés aux humidificateurs à eau froide.
- En outre, les interventions infirmières telles que l’encouragement à la consommation de liquides et l’utilisation de crèmes hydratantes hydrophiles peuvent contribuer à réduire l’inconfort lié à la sécheresse. L’hydratation constante des patients et l’application de crèmes hydratantes peuvent considérablement améliorer leur confort et leur expérience globale pendant l’oxygénothérapie.
En conclusion, bien que les pratiques traditionnelles telles que l’humidification à l’eau froide aient été largement utilisées, les données indiquent qu’elles sont insuffisantes et potentiellement nocives. Au-delà du son joyeux des bulles, les professionnels de la santé devraient adopter une pratique qui fait état des données optimales actuelles.
Références
Astle, B. J., Duggleby, W. et Potter, P. A. (Eds.). Soins infirmiers – Fondements généraux (6e éd.), 2019, Elsevier Canada.
Davis, P. D., Parbrook, G. D. et Kenny, G. N. C. Basic physics and measurement in anesthesia (4e éd.), 1995, Butterworth-Heinemann.
O’Driscoll, B. R., Howard, L. S., Earis, J. et Mak, V. « British Thoracic Society Guideline for oxygen use in adults in healthcare and emergency settings », BMJ Open Respiratory Research, 4(1),2017, p. e000170. doi:10.1136/bmjresp-2016-000170
Santana, L. A., Bezerra, S. K. M., Saraiva-Romanholo, B. M., Yamaguti, W. P., de Fátima Lopes Calvo Tibério, I. … et Righetti, R. F. « Cold bubble humidification of low-flow oxygen does not prevent acute changes in inflammation and oxidative stress in nasal mucosa », Scientific Reports, 11(1), 2021, p. 14352. doi:10.1038/s41598-021-93837-x
Wen, Z., Wang, W., Zhang, H., Wu, C., Ding, J. et Shen, M. « Is humidified better than non‐humidified low‐flow oxygen therapy? A systematic review and meta‐analysis », Journal of Advanced Nursing, 73(11), 2017, p. 2522–2533. doi:10.1111/jan.13323
Woochan Park est étudiant en soins infirmiers au Collège Camosun et au programme de baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de Victoria.
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