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Comprendre leur histoire : Une infirmière des Premières Nations fait en sorte que les communautés autochtones puissent bénéficier de soins des plaies et des stomies

  
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Les patients de Michelle Buffalo « se sentent à l’aise » grâce à ses origines autochtones et à ses compétences spécialisées

Par Laura Eggertson
7 avril 2025
Gracieuseté de Michelle Buffalo
« Une bonne pratique infirmière ne consiste pas toujours à dire aux patients comment s’y prendre, dit Michelle Buffalo. Il s’agit aussi d’écouter et de laisser votre clientèle se sentir suffisamment à l’aise pour vous faire part de ses pratiques traditionnelles en matière de santé et de mieux-être. »

Michelle Buffalo a à cœur les communautés autochtones.

L’infirmière autorisée, qui est membre de la Nation crie de Samson en Alberta, travaille dans des communautés urbaines et rurales, dans de grands hôpitaux et de petits postes de soins infirmiers. Elle aime interagir avec des patients de divers parcours, origines et cultures.

Mais elle retourne toujours dans les communautés qui ont le plus besoin de ses compétences, comme Fort Chipewyan, une communauté isolée de l’Alberta accessible uniquement par avion et comptant environ 1 000 membres des nations crie, déné et métisse, située à l’extrémité ouest du lac Athabasca.

À cet emplacement, où Michelle Buffalo travaille pour Nunee Health au Chipewyan Prairie First Nation Health Centre, en tant qu’infirmière autorisée en traitement et infirmière responsable remplaçante, elle offre des soins adaptés à la culture et espère un jour exercer pleinement son métier d’infirmière spécialisée en plaies, stomies et continence.

Ce champ d’exercice comprend la certification de l’Institut d’enseignement en plaies, stomies et continence de Gatineau, au Québec, qu’elle a reçu en 2021, 11 ans après avoir obtenu son baccalauréat en sciences infirmières du collège Grande Prairie Regional, maintenant connu sous le nom de Northwestern Polytechnic, en Alberta.

Michelle Buffalo a décidé de se spécialiser en soins des plaies, des stomies et de l’incontinence, car elle est parfaitement consciente des taux élevés de diabète chez les peuples autochtones, qui ont souvent besoin de soins spécialisés pour les plaies et de soins préventifs. Les taux de glycémie élevés propres au diabète, par exemple, nuisent à la cicatrisation des plaies.

« Mes compétences y sont utiles », dit Michelle Buffalo à propos de Fort Chipewyan, que la communauté appelle affectueusement Fort Chip.

Elle effectue des rotations de deux semaines au poste de soins infirmiers avant de retourner auprès de ses deux filles, de son père, de son jardin et de ses fournitures de peinture chez elle à Wetaskiwin, au sud d’Edmonton.

Collaboration avec les soins à domicile

« Je peux collaborer avec les membres de l’équipe de soins à domicile et je m’occupe d’une grande partie des soins des plaies lorsqu’on me consulte, ajoute-t-elle.

Nous travaillons en collaboration, parce que c’est une si petite communauté, et que c’est vous qui constituez "l’équipe" là-bas».

Les patients souffrant actuellement de problèmes aux membres inférieurs, tels que des enflures, des douleurs nerveuses ou des troubles vasculaires doivent se rendre à Fort McMurray ou à Edmonton en avion pour des examens et des diagnostics importants afin que leur plan de traitement soit établi.

Cependant, grâce à ses compétences spécialisées et à sa capacité d’examiner les patients lors des heures régulières en clinique, elle peut se concentrer sur la prévention et permettre à nombre de ses patients qui la consultent de commencer plus tôt les pratiques préventives.

Le fait que Michelle Buffalo est autochtone et parle un peu la langue crie permet de forger une connexion avec ses patients qui est souvent de l’ordre du non-dit, explique-t-elle.

« Le simple fait que je sois une infirmière autochtone les rassure. »

Après avoir évalué l’état de base de leurs jambes, Michelle Buffalo encourage ses patients à vérifier quotidiennement leurs pieds, à noter tout changement et à consulter leur médecin s’ils remarquent quelque chose de différent. Elle associe également ses connaissances en médecine traditionnelle, qui favorisent la guérison, à ses connaissances en soins infirmiers.

Elle tire également des enseignements de ses patients.

Elle se souvient qu’une Aînée en avait assez de la lenteur de la guérison, de l’irritation, des rougeurs et de la douleur autour de la zone de sa stomie, soit l’ouverture dans l’estomac qui relie la poche de stomie.

Bien que Michelle Buffalo ait soigné sa plaie, lui ait donné de la poudre aux fins de traitement et lui ait appris à s’en servir, les résultats n’étaient pas satisfaisants. L’Aînée s’est plutôt infusé une tisane médicinale traditionnelle, qu’elle a refroidie et utilisée autour de sa stomie.

La guérison par la médecine traditionnelle

Cette tisane a guéri la plaie.

« Nous avons essayé tout ce que la médecine occidentale nous a appris et ça fonctionnait, mais la voir guérir encore plus vite avec sa médecine traditionnelle, c’était le summum, explique Michelle Buffalo. C’était trop génial. »

Une bonne pratique infirmière ne consiste pas toujours à dire aux patients comment s’y prendre, ajoute-t-elle. Il s’agit aussi d’écouter.

« Il s’agit de laisser votre clientèle se sentir suffisamment à l’aise pour vous faire part de ses pratiques traditionnelles en matière de santé et de mieux-être, dit-elle. Vous devez aller à la rencontre de votre clientèle là où elle en est et comprendre son histoire. »

L’intérêt de Michelle Buffalo à aider les patients souffrant de plaies et de stomies est né lorsqu’elle travaillait comme gestionnaire de cas de soins à domicile dans la communauté Maskwacis, dans le centre de l’Alberta, un groupe de quatre Premières Nations qui comprend la Nation crie de Samson, où sa mère a grandi et où elle a encore de la famille.

« J’aime beaucoup travailler avec les stomies, dit-elle. J’adore enseigner aux patients et leur donner les moyens de bien prendre soin de leurs stomies. »

Michelle Buffalo attribue sa « passion » pour les soins des plaies et des stomies à l’apprentissage de la stomie dont souffrait l’une de ses tantes, ainsi qu’à son expérience de jeunesse dans une grande ferme d’élevage de bétail au nord de Fort St. John, en Colombie-Britannique.

À la ferme, elle a été témoin de plaies, comme des abcès sur les vaches, et a aidé son père à soigner les plaies des bovins et des chevaux.

« On apprend beaucoup sur la vie et la naissance, ainsi que sur toutes les épreuves qui se présentent pendant la période de vêlage, dit-elle. Parfois, les résultats sont difficiles et tragiques. Le sang et les tripes ne m’ont jamais fait peur, pas plus que les soins complexes des plaies. En fait, ça me stimule. »

Au départ, Michelle Buffalo s’intéressait à la médecine vétérinaire. Mais après avoir vécu et travaillé au Yukon pendant un certain temps, puis être rentrée chez elle avec une fille à élever seule en tant que mère monoparentale, elle a choisi l’école des sciences infirmières.

Besoin de gestion à long terme

Elle a commencé sa carrière d’infirmière en travaillant dans les services d’urgence des hôpitaux ruraux, acquérant ainsi une expérience dans un large éventail de soins aigus qui lui a été très utile au poste de soins infirmiers de Fort Chip.

Les gardes de 12 heures requises en médecine d’urgence sont devenues plus difficiles à mesure que sa fille grandissait, alors Michelle Buffalo est passée aux soins à domicile à Maskwacis. Elle y a constaté la nécessité d’une gestion des cas de soins de plaies et de stomies à long terme et a obtenu son certificat de spécialisation.

« Mon rêve était de créer une équipe qui aide à soutenir nos communautés autochtones partout en Alberta, que ce soit en personne ou virtuellement, et de pouvoir soutenir les infirmières et infirmiers et la clientèle dans leurs communautés », dit-elle.

Ce rêve a commencé à se concrétiser lorsque Michelle Buffalo était étudiante à l’Institut d’enseignement en plaies, stomies et continence et membre de l’association Infirmières spécialisées en plaies, stomies et continence Canada (ISPSCC). Cette association nationale représente plus de 600 infirmières et infirmiers spécialisés, fait la promotion des normes de pratique élevées et plaide en faveur d’une politique de santé qui profite aux patients.

La direction de l’ISPSCC a demandé à Michelle Buffalo de se joindre à son programme central de santé des plaies, stomies et continence pour les Autochtones. Ce programme, alors à ses débuts, rassemble des infirmières et infirmiers spécialisés et des intervenantes et intervenants de la santé qui travaillent avec les populations autochtones pour identifier et soulever des questions cruciales en matière de santé auprès des gouvernements fédéral et provinciaux.

« Nous avons réussi à nous exprimer haut et fort au fil des ans, dit-elle. Nous avons contribué à créer des politiques, en travaillant avec d’autres instances comme les Services de santé non assurés et Services aux Autochtones Canada. »

Dans le cadre de sa participation au programme, Michelle Buffalo a proposé la création du cercle de partage en santé autochtone sur les plaies, les stomies et la continence. Le site Web, qu’elle qualifie de « travail en cours », fournit des ressources, des renseignements, de la formation et du soutien aux patients, aux infirmières et infirmiers spécialisés et aux autres fournisseurs de soins de santé, afin qu’ils puissent se connecter en un seul endroit et transmettre des renseignements.

« L’objectif est d’améliorer les soins de santé et l’accessibilité pour nos peuples autochtones, dit-elle. Nous cherchons toujours à ajouter des ressources. »

Michelle Buffalo est aussi toujours à la recherche de connaissances et de ressources supplémentaires pour accroître ses propres compétences. Elle prévoit d’entreprendre une maîtrise avancée en sciences infirmières en ligne sur les plaies, les stomies et la continence, par l’entremise de l’Université Curtin de Perth, en Australie, au l’année 2025.

Michelle Buffalo espère que les connaissances diffusées par le cercle de partage, ainsi que le mentorat et l’enseignement qu’elle offre par l’intermédiaire de l’association ISPSCC, aideront ses collègues en soins infirmiers dans leurs efforts pour permettre à leurs patients de rester dans leur communauté d’origine afin d’y recevoir leur traitement.

« On donne les moyens aux infirmières et infirmiers de ces communautés pour prendre soin de leurs patients, plutôt que de toujours les transférer hors de la communauté pour leur offrir quelque chose qui pourrait y être facilement disponible », dit-elle.

Les expériences historiques des peuples autochtones transférés loin de chez eux dans des sanatoriums pour traiter la tuberculose ou dans des pensionnats ont laissé des marques de traumatisme qui les rend méfiants à l’idée de se déplacer pour obtenir de l’aide médicale, souligne Michelle Buffalo.

Et elle croit que ces déplacements ne sont pas nécessaires.

« Les communautés autochtones sont très fortes et très soudées. Les gens se soutiennent mutuellement, dit Michelle Buffalo. Il n’y a aucune raison valable pour laquelle ces communautés autochtones ne pourraient pas disposer de ces services. »


Laura Eggertson est journaliste indépendante à Wolfville, en Nouvelle-Écosse.

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