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Nos retrouvailles ont été l’occasion d’exprimer notre fierté et notre amour pour les autres infirmières ou infirmiers, tout en leur rappelant qu’on ne travaille pas en silo
Par Leslie Pitchford
6 janvier 2025
J’ai récemment assisté aux retrouvailles de ma cohorte infirmière de 50 ans à Winnipeg, au Manitoba. Il est étonnant de constater la rapidité à laquelle se sont écoulés 50 ans de ma vie.
Les retrouvailles étaient un merveilleux exemple de respect pour le travail extraordinaire que le personnel infirmier a accompli au fil des ans et qu’il continue d’accomplir. Il était remarquable de voir des infirmières et infirmiers rendre hommage aux autres membres du personnel infirmier.
Je crois qu’il faut entendre davantage d’histoires positives sur une profession qui se consacre aux soins des patients et dont les membres se soutiennent mutuellement pour survivre aux périodes de turbulences. C’est la raison pour laquelle nous avons fait ce choix professionnel, et chaque événement de ce genre est l’occasion de se retrouver pour célébrer la prochaine cohorte qui célébrera ses 50 ans.
J’espère que l’expérience que j’ai vécue lors de nos retrouvailles servira de témoignages que nous avons tous besoin d’entendre.
Le soir des retrouvailles
Être reconnue par mes pairs en soins infirmiers relevait du surréalisme. J’ai ressenti des émotions en sachant qu’il y a une incertitude quant à ma participation aux prochaines retrouvailles à mesure que j’avance en âge. J’ai pris ma retraite il y a cinq ans et j’ai été témoin de nombreux changements et obstacles dans le système de santé, de l’aggravation de la pénurie infirmière, qui n’était pas nouvelle, aux conditions de travail intenses attribuables à la COVID (sans précédent à mon époque).
Il s’agissait de mon deuxième événement du genre, puisque j’avais participé à des retrouvailles il y a 25 ans, alors que je pratiquais encore activement. Je me souviens qu’à l’époque, nos conversations portaient sur nos carrières. À mes débuts, je n’avais pas prévu d’exercer la profession infirmière, car j’avais choisi le travail social à l’université. Mais j’ai décidé de passer aux soins infirmiers lorsqu’une place s’est libérée à l’école. Je me suis rendu compte que je pourrais ainsi financer mes études à l’université plus tard et peut-être le programme d’études infirmières.
J’ai ressenti un sentiment de finalité en tant que professionnelle, lorsque cette porte de ma vie s’est définitivement refermée. Je me souviens combien il a été difficile de renoncer à mon autorisation d’exercer les soins infirmiers un an après avoir pris ma retraite. Je savais qu’il n’y aurait pas de retour en arrière une fois ma décision prise, car je ne pouvais pas imaginer suivre un cours de remise à niveau si je changeais d’idée. Je me suis sentie nostalgique, presque comme si la vie passait trop vite et que je devais m’accrocher à chaque moment et à chaque souvenir que nous avons créé ce soir-là, en étant reconnaissante d’être là et de ressentir de la gratitude pour ce moment.
Joie et excitation
En entrant dans la salle où allaient commencer nos festivités, j’ai ressenti de la joie et de l’excitation. J’étais parmi mes pairs, mes consœurs et mes confrères, car de plus en plus d’hommes avaient choisi la profession infirmière. Les soins infirmiers nous lient, que nous nous connaissions en tant que collègues ou que nous nous rencontrions à l’occasion de ces retrouvailles. Certains d’entre nous ne s’étaient pas revus depuis l’obtention du diplôme.
J’ai vu quelques-unes de mes camarades de classe porter l’uniforme traditionnel de fin d’études d’infirmière et l’insigne pour lequel nous avions travaillé si dur. D’autres portaient l’uniforme bleu et blanc et la coiffe d’études, ce qui créait un retour dans le passé, représentant les ombres de notre jeunesse et les débuts d’une vie professionnelle. Je me souviens d’avoir soigneusement placé mes longs cheveux sous la coiffe, d’avoir fait mesurer la longueur de mon uniforme d’étudiante en m’agenouillant pour m’assurer qu’il touchait presque le sol, et d’avoir porté des chaussures et des bas blancs.
Je me souviens de la première fois où j’ai foulé le sol d’un étage médical, deux semaines après le début de mon programme, peu sûre de moi, effrayée, mais curieuse, avec le cœur et la volonté d’aider les autres, ce qui avait toujours été ma nature. Mon idéalisme s’est heurté à la réalité de la vie et de la mort, des réussites et des échecs.
Une soirée de réflexion
Lors des retrouvailles, je me suis sentie à l’aise lorsque nous nous sommes accueillies les unes les autres et que nous nous sommes fait des accolades comme si c’était hier. Il n’y avait pas de malaise ou de gêne. Cette soirée-là, je me suis permis de réfléchir à mon passé. Nous avons partagé des histoires et des souvenirs de ces années de formation ensemble et nous avons parlé de la retraite. Nous formions un groupe diversifié. Nous avons décrit les domaines de pratique que nous avions choisis, et plusieurs d’entre nous sont restées dans ces domaines. Ma spécialité étant la santé mentale, je constituais la minorité dans ma cohorte, alors que d’autres avaient choisi le volet médical. J’ai voué la moitié de ma carrière à ce domaine de pratique. C’était mon domaine de prédilection avant de me diversifier dans les soins infirmiers de proximité, puis en qualité et sécurité des patients, ce qui a duré 45 ans au total, au cours desquels j’ai vécu de nombreuses expériences, rencontré plusieurs spécialistes et connu à la fois des épreuves et des moments forts, des revers et des progrès au fur et à mesure que je grandissais et que j’apprenais.
Au moment où le programme de la soirée a commencé, une musique de cornemuse a résonné dans la salle. Notre cohorte a été invitée à s’aligner derrière les joueurs de cornemuse afin d’être ramenée dans la salle principale, où nous ferions le tour complet de la salle, marchant dans l’unité, l’honneur et le respect, en reconnaissance de nos longs états de service. Les diplômées avaient plus de 50 ans. Il s’agissait non seulement de nos retrouvailles de 50 ans, mais aussi de la dernière promotion de l’école d’infirmières de l’hôpital général de Winnipeg avant sa fusion avec le Centre des sciences de la santé.
Les joueurs de cornemuse ont entamé la marche et nous avons été accueillis par une ovation et des sourires de nos pairs. Je n’ai jamais été aussi fière qu’à ce moment-là. Toutes ces infirmières de différentes promotions nous ont témoigné du respect et ont reconnu nos réalisations, ce qui m’a bouleversée sur le plan émotionnel. J’ai été incroyablement émue par cette expérience. J’ai ressenti une reconnaissance sincère et inconditionnelle. Elles ou ils ne nous connaissaient pas personnellement, ni même peut-être professionnellement, mais étaient tous issus de la même école de soins infirmiers, notre dénominateur commun. C’était notre base, alors que nous commencions à exercer dans différents domaines. Jusqu’à ce moment-là, je n’avais pas réalisé à quel point ce lien était puissant.
La cohorte de 1974
On a remis à notre cohorte de 1974, des porte-noms avec notre photo de remise des diplômes. Dans certains cas, c’est ainsi que nous nous sommes reconnues. De plus, des coiffes d’infirmières en papier miniatures avaient été fabriquées pour que nous puissions les porter pendant la soirée. Personne n’était gêné de le faire et d’être vu par les clients de l’hôtel lorsque nous entrions et sortions de la salle principale.
Des gens du siège social du Centre des sciences de la santé, du département des soins infirmiers, de la fondation et des archives ont pris la parole. La présentation des membres honoraires à vie et des présidentes ou présidents honoraires s’est terminée par un toast aux anciens et anciennes élèves. Un appel nominal a permis à une représentante ou un représentant d’une année d’études de se lever et de faire un discours portant sur des histoires, la vie en résidence, l’expérience de l’enseignement et de l’apprentissage, un écho du passé et peut-être une histoire drôle ou nostalgique. Lorsque notre tour est arrivé, notre cohorte s’est levée à l’unisson et a chanté ce que nous sommes en tant qu’infirmières.
La soirée s’est poursuivie sur une touche magique, car nous avons pris des nouvelles de tout le monde, partageant des histoires qui avaient toutes commencé lorsque nous avons intégré l’école des soins infirmiers. Plusieurs ont pris leur retraite, alors que d’autres sont décédées, mais celles qui étaient présentes perpétueront notre héritage et nos souvenirs, peut-être pour participer à d’autres retrouvailles dans cinq ans. C’est ce que nous avons déclaré cette soirée-là : « Jusqu’à ce que nous nous retrouvions. »
Le privilège du temps
Le temps m’a offert le privilège de réfléchir à ma pratique infirmière, de faire un bilan rapide de 45 ans de carrière, de célébrer le temps d’une soirée. J’ai pensé aux pairs qui nous ont rendu hommage lors des retrouvailles, plusieurs encore en activité, d’autres à la retraite, et à leurs différentes expériences alors que le système de santé a changé radicalement au fil des ans, y compris l’expérience de la pandémie de COVID, de la pénurie de main-d’œuvre infirmière et de la désillusion et, parfois le départ prématuré d’une profession qu’elles ou ils aimaient.
Avec cet article, je voulais transmettre mon expérience personnelle de fierté et d’amour envers d’autres membres du personnel infirmier et leur rappeler qu’ils ne travaillent pas en silo, parce que nous, les anciennes et anciens, les soutenons et les respectons en retour d’un travail bien fait.
Leslie Pitchford a obtenu son diplôme en 1974 et a occupé divers postes en soins infirmiers, y compris dans des contextes cliniques, en gestion, en amélioration de la qualité et en sécurité des patients, au Manitoba pendant 45 ans avant de prendre sa retraite en 2019.
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